Collé comme une banlieue à la ville de Beaugency, près de chez moi existe un bourg nommé Tavers. Sur cette commune étendue subsistent encore trois dolmens, héritages ancestraux des premiers occupants de ce coin du Val De Loire.
Ce n’est plus qu’une bourgade dortoir, ne reste ouverte que la boulangerie ; le bar, lieu au combien vivant, a fermé ses portes depuis bientôt une décennie… Déjà…
Tout près du centre de ce bourg, dans le bassin de ‘La Bouture’ il existe un endroit de verdure , un pré entouré d’arbres et de buissons, comme s’il voulait se protéger des regards indiscrets, ‘ Les Eaux Bleues ‘. C’est une résurgence de la Loire, une source qui surgit du sous-sol en une multitude de petits bouillons parmi les sables mouvants, les Fontenils, appelés aussi les sables d’or . L’eau y est pure et limpide ; quelques truites y vivent paisiblement.
Ce n’est pas par hasard que ce havre de paix porte ce nom ; le miroir de sa surface a toujours des reflets bleutés, comme un tain inaltérable aux siècles. Cela est dû aux particules de carbonate de calcium et à l’argile qui se trouvent dans les eaux et qui renvoient les rayons bleus du Soleil, auxquelles il faut ajouter les algues qui tapissent son fond. Ce petit plan d’eau, qui ressemble à un étang allongé à ses débuts avant de se prolonger en un ru qui va rejoindre la petite petite rivière ‘le Lien ‘, garde toujours cet éclat de surface, qui peut aller du bleu turquoise au bleu marine, suivant la couleur du ciel et les caprices de la météo.
Mais moi je veux croire à cette légende qui raconte que Agnès, fille d’un Sir de Beaugency, attendais en vain que revienne Loyds de Baule , parti en croisade. Son père voulut la marier à un autre, mais devant son refus, il l’enferma dans un couvent. Un jour pourtant, Loys revint, mais la jeune femme était devenue nonne. Un soir de printemps, il l’emmena en barque sur ce petit plan d’eau. Au matin, on retrouva les deux corps allongés parmi les herbes noyées. Depuis ce temps, les eaux ne cessent de refléter la couleur bleue du ciel.
Quelquefois je m’arrête sur le petit pont de bois qui la traverse ; appuyé sur la rambarde, je contemple ces bulles qui soulèvent le sable du fond et forment des ronds à la surface de l’onde.
C’est un lieu magique, et pourtant aucune fée en a élu son domicile, aucun esprit ne le hante, aucun monstre marin ne se cache sous les branches qui plongent dans cette eau au premier abord si accueillante… Oui, lieu magique, pour peu qu’on veuille y croire…
Mais magique peut rimer avec maléfique parfois… La légende veut que les sables mouvants des Fontenils sont si profonds qu’autrefois ils ont englouti d’un coup un peuplier, une vache, un berger et même un charretier avec son cheval et sa charrette… Rien que ça !
Une Dame m’a dit avoir pu sauver de l’enlisement un chien qu’elle promenait en laisse et qui, attiré par le besoin de se baigner, a sauté à cet endroit piégeux des sables mouvants… Lien salvateur que cette laisse avec laquelle cette personne a pu le sauver en usant de toutes ses forces pour le tirer hors de cette mauvaise posture, échappant à une morte certaine.
Il existe une légende bien plus ancienne encore, datant du XIè siècle avant J.C. Deux Titans, Invention et Reflet, se disputaient sur l’origine des idées. Sont-elles le miroir de ce qui existe ou bien le fruit de la découverte ?
Houlippe, leur fille, afin de mettre fin à ces disputes incessantes, créa alors la ‘source des idées’ pour les départager. Il en sortit un sable d’or qui bouillonnait en de doux remous.
Mais voilà que nos deux géants se mirent à se battre et se déchirer pour savoir à qui des deux cette source ressemblait ! Un vrai champ de bataille…
Reflet perdit dans les eaux toutes proches un peu de bleu. Quant à Invention, elle y laissa un de ses cœurs près de la source, bouillonnant lui aussi de vie et d’énergie.
Ma la bataille ne s’arrêta pas là… D’autres bouts de ces Titans tombèrent sur le Val de Loire et sur la Beauce.
Quand le calme revint, Houlippe transforma les morceaux de ces corps disloqués en portes enchantées, qui deviendront des dolmens au fil du temps. Puis elle attrapa le ruisseau pour les attacher entre eux ; et c’est pour ça que ce cours d’eau prit désormais le nom ‘Lien.’
De nos jours, les Titans sont remplacés par des promeneurs, des personnes amenant leur pique-nique aussi, aux beaux jours, pour une sortie dominicale ou une journée fériée.
Les jours où il n’y a pas d’école, des garnements y jouent avec une telle débauche d’énergie et de cris que cela me rappelle la légende des deux Titans.
Des personnes s’y baignent parfois aussi, bien que cela soit interdit, en faisant attention de ne pas s’approcher des sables mouvants. Mais qui sait si un bras sortant de ce bouillon d’aspect inoffensif ne viendra pas attraper de sa main une jambe d’un de ces baigneurs imprudents pour l’entraîner dans les entrailles de la terre, pour le punir d’avoir souillé de sa présence les eaux sacrées de ce lieu. Qui sait…
A.S.
Bien belle histoire qui m’a transporté chez les titans et les fées.
Quelques fautes de frappe…On a beau se relire..vous m’en excuserez
Lieu magique où il ne faut pas trop s’aventurer à causes des sables mouvants! mais qui laisse toujours planer la légende
d’Adnès et Loyds de Baule qui s’aimèrent tendrement malgré leurs parents!