Le voyage éternel – Olivier Gatin

La route interminable langue de bitume lézardée par le soleil se perd dans sa perspective, je suis impatient d’arriver la nuit hantée de souvenir, au petit matin les premiers hommes partent pour récupérer le gibier pris au piège par les trappeurs, la longue caravane se met en branle, nous serons sans doute près dans une heure, si jeune et déjà un devoir de suivre le voyage vers les hauts de hurlevent.

Il fait un froid de saison et le feu est un bon compagnon ce matin, je m’éternise devant les flammes sur les parois de notre refuge elle semble raconter une histoire que le crépitement du feu les accompagne. Nous ne sommes qu’une poignée d’homme et quelques femmes pour atteindre avant la nuit prochaine les hauteurs de la montagne et déposé au temple nos offrandes. Parfois petit on me racontait que le Temple était un refuge pour les hommes perdus dans leur lien avec le ciel. La grand-mère les accueillait veillant sur leur sommeil de pierre.

Au coeur de la vallée on entendait parfois le chant de ces gardiens et des prières et les hommes revenaient dit-on l’esprit plus sûrs et des envies neuves. Leurs mains étaient moins lourdes et ils souriaient aux enfants qui jouaient plus que faire la leçon. Je me demande pourquoi la croyance a été délaissé, mais depuis la guerre et sa fureur les coeurs se sont refermés comme si le peuple avait peur d’avoir la foi de croire en l’autre sachant que ceux qui rêvent peuvent se détruire malgré la bienveillance de grand-mère et de la terre nourricière.

Je voudrais revoir mon père pour lui dire que j’ai appris l’art de la forme et que je travaille pour la communauté, mais la mère fauche l’a ramené à ses côtés et je ne serais dire si il est mort en pleurant ou en souriant. As-t-on peur de la mort à son seuil ou sommes nous certain de ce que nous avons été? J’ai vu beaucoup de gens si malade et si proche de la mort dévorante leurs yeux sont tous éclairés d’un autre feu que ceux qui marchent sans le soucis de survivre à leur propre fin. Moi je ne peux que les apaiser et leur rendre la vie moins lourde, en jouant sur ces cordes et ces mots qui nous furent donné à nous ceux qui rêvent, porteur de l’Art de la forme. Bien il est temps de reprendre la route l’heure tourne le soleil souffle sur les murmurante un vent d’aube frais et éclairant.

Je n’ai jamais connu bien mon père parce qu’il ne voulait pas comprendre ceux qui ont le don de la forme et qu’il n’y voyait qu’une relique d’une promesse perdue. Je n’ai jamais perdu la Foi pourtant, parce que je sais qu’un jour j’honorerai son nom aux lèvres de la haute montagne que nul ne traverse sinon les vagabonds éternel, mais je n’ai pas peur de mon sort et de ma fin, la vallée sera toujours là si je reviens et si je me perd dans le grand silence au-de-là des pics d’hurlevent je sais que j’amène un rêve de ma terre natale, celle de ceux-qui-rêvent.

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Olivier Gatin

Olivier Gatin (118)

bonjour, j'ai 43 ans je suis artiste poète et slameur depuis bien 15 ans, j’écris beaucoup, j'aimerai participé ici au groupe d'écriture et mettre en avant mon blog autour de mes écrits, de la musique de mes diverses lectures... au plaisir de vous lire
www.moonz.canalblog.com et le lien vers mon recueil Re-présente: https://drive.google.com/file/d/10qtXsGH8gT3x5lGtKcrTp4_FO-TnISsv/view?usp=sharing

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Anne Cailloux
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12 mars 2024 16 h 17 min

Bel écrit sur la foi.
Ne pas oublier ses racines et rester soit même.