Jean Gens, pauvre fermier du beau pays de France,
est bien abattu depuis qu’un vil renard lance
ses terribles assaults contre son poulailler.
L’animal vient la nuit sans un bruit batailler
Les poussins, les poules et les grasses poulettes
Ne laissant au matin que d’horribles squelettes,
Des tapis de plumes mêlées au foin
Et des coquilles d’oeufs dans chaque coin.
Quel spectacle pour Jean ! Lui qui vit de ses poules.
En perdre une est tragique, en perdre dix, tout croule.
C’est ainsi qu’il partit chez un de ses amis
Pour acheter une arme contre son ennemi ;
Cette arme était un chien, courageux, fort, fidèle,
Toujours sur ses gardes comme une sentinelle.
Personne ne revit le renard assassin
Et tous étaient en paix, fermier comme poussin.
Malgré tout le bon chien avait une manie :
Il hurlait comme un fou à la lune qui brille.
Jean ne le gronda pas : C’est naturel aux chiens
D’aboyer, que ce soit pour la lune ou pour rien.
Cependant, à la ferme, un coquet veut soumettre
Le gardien mélomane et en être le maître.
Le coq ridicule l’interpella un jour :
« Maître chien, moi Chapon, roi de l’auguste cour
Vous ordonne d’arrêter vos blasphèmes lunaires.
Dorénavant, chantez l’astre extraordinaire
Que mon peuple adore. Il n’y a que le soleil
Qui mérite louanges car il est sans pareil :
Il fait pousser les fruits, il nous sert de boussole,
La lune, quand à elle, est stérile et désole.
Rangez-vous à mon ordre, ou nous vous chasserons »
Maître chien fort contraint, fit alors le dos rond.
Mais imaginez donc sa peine quand Sélène,
Dans le lointain, se lève et tend sa blanche laine.
Quel supplice de voir la beauté sans pouvoir
L’appeler, la fêter… C’est manquer au devoir
De tout poète amant.. Cette nuit la campagne
Résonna plus forte, tout comme la montagne.
Ce chant fut le dernier : Roi Chapon l’exila
Et maître chien devint alors un hors la loi.
Mais après un départ, ce sont les retrouvailles
Au profit du renard, au malheur des volailles.
Ne soyez pas tyran face à l’opposition
Et écoutez l’autre. Dans toute institution
On voit de prompts juges taire les résistances,
Le renard se cache pourtant dans le silence.
Joliment dit !
Intéressant ! Si nos amis les bêtes pouvaient aider les humains à ouvrir les yeux et tendre l’oreille, le monde ne s’en porterait que mieux.
Au plaisir de vous lire.
Jolie fable si bien construite, j’en ai apprécié la lecture, merci!
Voilà une bien belle fable… Merci t bravo pour ce partage.
Très belle fable, merci pour ce partage et cette belle morale finale