Le cocu nobliau – Christian Satgé

 
Petite fable affable
 

La bêtise est bêtement humaine
Et fait son nid dans tous les domaines.
Un fort vieil hobereau de nos champs
Quoique modestement blasonné,
Se trouva un jour écussonné,
Comme son château aux murs méchants.
Tout débit et dettes, car honnête.
Et, quoique n’étant pas proxénète,
Il s’en fut épouser une jeunette.

Fille d’un banquier argenté,
Elle était garce à s’en éreinter.
Chez les nobles c’est mésalliance.
Mais pas aux yeux de son beau-père
Qui se voit jouer au pair, pépère.
Tout est bel et bon à la Finance !
Il le sait mais est, sous ses bajoues
De sapajou, cheveux en rajout,
Sot à se faire fesser les joues !

Notre noble n’est pas à la noce :
Un beau gosse, un commis de négoce,
Au soir de son union, prit la fleur,
Déjà ravie, de l’épousée, Vrai !,
Que pus rien, hors les draps, n’effraie.
Le lit du vieux nourrit ses pleurs
Car il n’y vit son tendron rebelle.
Goûtant peu la tisane, la Belle
Lui préférait l’âcre mirabelle !

Le châtelain, tout doute et dépits,
S’ouvre à un paysan, un papy,
Connu pour ses conseils, ses largesses,…
« Mon seigneur, je l’avoue sans censure :
Je mets de trop petites chaussures,
Quand j’ai mal aux dents. C’est là, sagesse :
Comme un clou peut parfois chasser l’autre, 
Qu’on soit vil salaud ou bon apôtre,
Un mal, souvent, soulage d’un autre… »

© Christian Satgé – février 2016

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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