– Le Brasier –
Je suis le feu ! Qui flambe … ! Et c’est trop vite, comme au départ, d’une étincelle sur l’allumette, que je crépite, que je m’embrase, que je m’enflamme, que je me brûle et que je brûle ceux qui m’entourent, qui me côtoient.
Alors, échaudé, refroidi, je me consume, je me calcine, puis je m’apaise et je m’éteins jusqu’aux lendemains.
Et le matin avec ma flamme, les yeux pleins feux, je pars aux charbons, tenant mon tison, que je mène… ou plutôt qui m’emmène …
toujours, dans le fond, vers les bas-fonds…
Je veux allumer des lueurs, faire briller la lumière, apporter de la chaleur…
Mais c’est trop vite que je touche du bois, et c’est de tout bois que je fais feu, que j’incendie, que je me grille.
Puis que je déteins, du rougeoyant vers le couchant, le sombre, l’ombre, et la pénombre.
Alors, je me carbonise, en silence, et puis m’épuise ; et dans la nuit, je m’asphyxie.
Éteins, anéanti, pour survivre j’inspire juste une bouffée, (inspiration) ça me regonfle, me fait revivre, et puis m’attise et puis m’avive.
Et tel le Phoenix, je renais de mes cendres, remet les gaz, allume les phares, nouveaux pleins feux, flammes de l’Enfer et puis repars, et puis ressors, tenant mon corps encore ardent, le cœur torride, les yeux brûlants.
Ainsi, je m’en retourne, vers ce brûlis, vers ce désert que je sème, autour de moi. Mais tant de fois.
Je suis le feu qui danse au vent, allant, venant, bon an, mal an, et de tout temps, de ces moments d’embrasement et même parfois d’affolement.
Eh oui, en vrai, je ne suis qu’un feu follet qui oscille et tournoie, vacille et flamboie, crépite, s’embrase et s’engouffre, dans tous les stops, tous les feux rouges, que je grille impudemment, imprudemment sans crier gare, regard hagard.
Pas chef de gare !
Je suis le feu, je brûle, je me brûle.
J’aimerai tant pouvoir changer, éteindre ce feu, bien trop ardent, bien trop flambant, trop chaud, cuisant.
J’aimerai tant pouvoir souffler, l’apaiser même, ou bien encore m’amener, m’emmener vers un autre élément.
Au lieu de feu, devenir terre, air, ou eau. Devenir autre…
Je souhaiterai tant être de l’air, devenir le vent, léger, doux comme une brise, frais comme on reçoit une bise.
Ou être fluide comme un ruisseau, trouver ma source tout comme l’eau.
Ou bien encore, devenir terre, pleine et entière, là d’où l’on vient, là où l’on pose, là où l’on repose.
Terre, air, mer ou ciel…
Mais … je suis flammes, braises, fournaise…
Je voudrais tant… tant… tant… mais … je suis de feu !
Marco O’ Chapeau le 6 juillet 2022
débuté au Petit Ney le 12 mars 2011
Ça sent le barbecue par ici
Attention de ne pas faire flamber les grillades tout de même😉
Je suis grillé par ce texte qui me brûle les yeux par son intensité qui m’a obligé d’aller jusqu’au bout tellement il manque d’eau pour éteindre ce feu… C’est en plus tellement d’actualité avec le changement climatique et cette sécheresse que nous traversons…bravo cher Marco, un texte rondement mené qui m’a anesthésié dès le début… Bis bis bis !!