Ses traits ont vieillis bien sûr, mais qui peut le voir sous son épais maquillage ?
Son compagnon à la coquille d’œuf plantée sur la tête est toujours là, ses rides se sont creusées à lui aussi, bien fatigué quand se termine la dernière représentation, trouvant rapidement le sommeil après un souper léger. Mais pour rien au monde ils ne voudraient arrêter leur numéro, entendre les rires des enfants et voir leurs visages réjouis leur donne une seconde jeunesse à nos deux inséparables amis. Enfin deux…
Les voici trois depuis quelques mois, une magnifique jeune femme à peine sortie de l’adolescence est venue les rejoindre sur la piste.
Elle est costumée comme son auguste père, cheveux roux dépassant d’un trop large chapeau .En l’honneur de son ‘papa de clown’, elle lui a pris son nœud papillon à pois noirs et lui a offert en échange un avec de belles rayures multicolores.
Il aurait voulu qu’elle fasse de grandes études, devenir grande architecte. Qu’elle bâtisse de beaux édifices, lui qui n’a rien connu d’autre que sa roulotte sans jamais pouvoir ancrer ses grands souliers dans un lieu de rêve.
En ce samedi soir, les gradins sous la toile ne laissent pas voir une seule place de libre. Au premier rang se trouve celle qui sera à jamais sa belle écuyère, riant des pitreries de sa fille inlassablement tous les soirs de spectacle.
Il ne se sentait pas très bien depuis le matin, n’a rien dit ne voulant pas se priver une seule soirée de la présence de son ange à ses côtés.
Les spectateurs qui avaient les yeux posés sur lui ont pu voir ses mains se porter à sa poitrine, côté cœur et son visage se crisper…
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Dans la nuit, une ambulance quitta doucement et silencieusement la place où le chapiteau était érigé comme un château de conte de fées.
S’il existe un paradis des clowns, un nouvel artiste vient d’y entrer.
Un petit poéme écrit il y a quelques années
il va bien avec ton histoire
Sous le chapiteau de lumière
Sans archet, tout abandonné,
Dans le halo blanc qui l’éclaire
Son violon est déposé
Et la piste n’a plus d’étoiles
N’y tourne plus de cheval blanc
Les projecteurs portent des voiles
Qui s’envolent vers le couchant
Les enfants et leurs yeux immenses
N’allumeront plus dans son cœur
La joie qui donnait la cadence
A son archet tout en douceur
Ce soir sous le grand chapiteau
Prés de son violon en pleurs
Le clown a laissé son chapeau
M.D
Très belle histoire qui se termine tragiquement pour cet Auguste mais plus grave encore pour sa fille qui ne le reverra plus!
Ohh ! Pourquoi l’avoir fait mourir ?
Je suis triste …
BRAVO en tous cas pour l’écriture, pas de blabla inutile , des mots choisis sans lourdeur qui font monter l’émotion, une fin bien triste mais une prose superbe en intensité
alors je redis BRAVO BRAVO §§