Soumise aux assauts d’un climat indocile
Dans la vallée cerclée de moyennes montagnes
Il est une maison sise dans la campagne
Où des temps révolus ont élu domicile
Un vieil homme regarde son ancien univers,
Assis près de la porte et face au paysage,
Dans son manteau de cuir, râpé par tant d’usage,
Il regarde l’automne mais attend son hiver…
Là-bas sur le chemin viennent deux vaches rousses,
Liées par un joug , jouant un même rôle,
Elles vont en tanguant, guidées par la parole,
Pour tirer la charrette qui roule sur la mousse.
Dans les endroits boueux, les voilà qui s’entêtent
Ou peinent, en cadence, dans les longues montées
Et leurs mufles humides sont souvent surmontés
Par des taons agaçants qui marchent sur leurs têtes.
Le brave paysan va de son pas lucide,
Les pommettes rougeaudes, le béret rabattu,
Il progresse en sabots sur le sentier battu
En parlant en patois à son bétail placide.
© Philippe Dutailly – 27/05/1990
Un beau texte, nostalgique. J’aime beaucoup le huitième vers :
” Il regarde l’automne mais attend son hiver… “
belle observation d’une scène d’un passé pas si lointain mais qui pourtant est dépassé en des vers au mots ! Juste un peu dommage pour l’harmonie de l’ensemble que les vers oscillent entre 11 et 13 syllabes
j’adore ce passage
Et leurs mufles humides sont souvent surmontés
Par des taons agaçants qui marchent sur leurs têtes.
Oui, l’odeur de nos campagnes….