Langueurs impressionnistes – Philippe Dutailly

    Langueurs impressionnistes – Philippe Dutailly

 

 Soumise aux assauts d’un climat indocile

         Dans la vallée cerclée de moyennes montagnes     

         Il est une maison sise dans la campagne     

         Où des temps révolus ont élu domicile                                                                     

                          

         Un vieil homme regarde son ancien univers,

         Assis près de la porte et face au paysage,

         Dans son  manteau de cuir, râpé par tant d’usage,             

         Il regarde l’automne mais attend son hiver…

                                                                         

         Là-bas sur le chemin viennent deux vaches rousses,

         Liées par un joug , jouant un même rôle,                

         Elles vont en tanguant, guidées par la parole,

         Pour tirer la charrette qui roule sur la mousse.

   

Dans les endroits boueux, les voilà qui s’entêtent

Ou peinent, en cadence, dans les longues montées

Et leurs mufles humides sont souvent surmontés

Par des taons agaçants qui marchent sur leurs têtes.                             

                                              

       Le brave paysan va de son pas lucide,           

       Les pommettes rougeaudes, le béret rabattu,          

       Il progresse en sabots sur le sentier battu                

       En parlant en patois à son bétail placide. 

      

                    © Philippe Dutailly –  27/05/1990

Philippe DUTAILLY

Philippe DUTAILLY (89)

Tombé amoureux de "L'albatros" de Charles Baudelaire, poème appris lorsque j'étais 'écolier et nourri au hasard de Victor Hugo, Georges Brassens, Léo Ferré, Lamartine et beaucoup d'autres, j'ai commencé à faire rimer les mots vers l'âge de 18 ans. D'abord très inspiré par Brassens, j'ai pris, au fil du temps, mon autonomie pour en venir à des textes plus intimes qui, pour certains, servirent d'exutoire à des émotions mal vécues.

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6 Commentaires
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Guy André Talon
Membre
4 décembre 2022 17 h 42 min

Un beau texte, nostalgique. J’aime beaucoup le huitième vers :
Il regarde l’automne mais attend son hiver… “

Martyne Dubau
Membre
3 décembre 2022 13 h 58 min

belle observation d’une scène d’un passé pas si lointain mais qui pourtant est dépassé en des vers au mots ! Juste un peu dommage pour l’harmonie de l’ensemble que les vers oscillent entre 11 et 13 syllabes
j’adore ce passage
Et leurs mufles humides sont souvent surmontés
Par des taons agaçants qui marchent sur leurs têtes.              

Alain Salvador
Membre
2 décembre 2022 5 h 39 min

Oui, l’odeur de nos campagnes….