L’âne fatigué d’être bête – Christian Satgé

Petite fable affable
Las de cette bêtise qu’on lui attribue,
Le grison qui vivote chez mon voisin, imbu
De sa position, et ce n’est pas là fadaise
Ni foutaise, un Homme se voulut. Tout à son aise.
 
Pourquoi donc me direz-vous ? Car il est tant d’humains 
Qui, sans mal, sont des ânes. Inverser donc, dès demain,
La chose était possible : s’il connaissait ses lettres,
Il s’éduquerait. Il s’en ouvrit donc à son maître
Qui coiffa un bonnet à oreilles de baudet,
Enfant. Il trouvait ce fermier bête à bouffer
Du foin, ce benêt dès, qu’hélas, il avait un verre 
Dans le nez, occasion qui lui faisait vivre un calvaire.
 
Le paysan donc trouva l’idée bonne. Et mit, dès lors,
Sa famille au travail : il vendrait, sûr, à prix d’or
L’œuvre de tout ce petit monde si le prodige
Arrivait. Et sans parler de son futur prestige.
Mais ils eurent beau, tous, braire il n’advint las rien
Qui ressemblât aux espoirs qu’eurent ces vauriens.
Car Dame Nature ainsi le veut, impérieuse :
Esprit ne se gagne, sottise est contagieuse !
© Christian Satgé – septembre 2020

Nombre de Vues:

10 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

2 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Marie Bulsa
Invité
Marie Bulsa
27 septembre 2020 10 h 10 min

Formidable