Petite fable affable D’après Les roses d’Antoine Vitallis

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Un soir, une intrigante petite abeille, Aux plans foireux, plus fouillis que fouillés, A découvert, sous un couvert, une treille En berceau, une entrée aux senteurs mouillées, Celle d’une roseraie qui fort embaume Et dont elle se fait illico un royaume.
Elle n’a désormais que l’embarras du choix. Donc elle va et vient, sans fin, elle hésite. Une fleur trop rouge la laisse de bois, Une tavelée a trop de parasites, Une rose noire se perche trop haut À son goût,… À choisir, elle veut du beau, Le fleuron de ces fleurs donc la plus parfaite Par sa robe et par sa forme. Sans flétrir Sa réputation, elle est à la fête Et pourtant se complique, sans coup férir, La vie. Donc, elle n’est pas tout à fait prête À faire, ici, son miel… et fait la tête. Mais elle s’obstine à vrombir sans but : Les corolles trop petites, ça s’évite !… Les thé, les panachées,… Allez, au rebut ! Fermées ou vieilles ?… Entrée interdite ! « Le hasard se fait vite vieux grigou Avec celles qui, comme moi, ont bon goût ! »
Soudain sortant, horreur !, d’une rose blanche (C’est pas la couleur !), un bourdon adipeux Aimant s’écouter parler, d’une voix franche Glisse à notre indécise, perfide un peu : « Toi qui ne t’arrêtes qu’à l’aspect des choses Tu oublies que seul le parfum fait la rose ! »
© Christian Satgé – mars 2016
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