LXXI – La musique et le petit Jean-Marie (début)
J’ai l’impression d’avoir entendu de la musique autour de moi dès ma naissance, du moins dès mon arrivée dans notre nid douillet du XVIII ème arrondissement de Paris. Je revois même mon papa jouer au-dessus de mon berceau de l’un ou l’autre de ses harmonicas, diatonique ou chromatique, sur lesquels il me jouait-dans cantiques et des hymnes bretons. Quand nous allions chez ma grand-mère maternelle à Saint brieux, celle-ci chantait les paroles en breton sur la mélodie jouée par mon papa. Je me souviens que l’hymne national breton commençais par « Oh Breizh ». D’ailleurs, dès mes premiers microsillons, j’avais demandé à me faire offrir ces mélodies en version bombarde et orgue.
Mon papa avait appris tout seul à jouer d’un tas d’instruments qu’il laissait traîner un peu partout, surtout pour que je m’y initie moi aussi. J’aimais particulièrement souffle et frapper. Aussi, très tôt, ni les harmonicas ni les flûtes irlandaises n’avaient plus de secrets pour moi, pas plus que le tambourin, les bongos ou les castagnettes. Quand on allait en vacances, je demandais toujours à rapporter un souvenir musical du lieu, d’où la présence de cornes de vaches et de maracas chez mes parents.
Mon papa m’avait acheté un superbe petit piano sur lequel il improvisait à deux mains ou bien jouait ses cantiques celtes. Instinctivement, je me suis mis à l’imiter, mais avec des chansons apprises par ma maman ou tata Popo.
Mon grand-père maternel, qui vivait avec nous comme ma grand-mère maternelle, aimait passer des disques immenses dans son énorme phonographe, ou gramophone, avec un pavillon encore plus gros que celui du corps de chasse de mon grand oncle qui s’est fait éclater l’estomac en y soufflant trop fort. A moins que ça ne soit les poumons…Son programmes comportait des chants de la belle époque et des chansons traditionnelles bourguignonne. Toute la famille chantait des refrains en hommage aux vins et aux caves.
Je connus très vite par cœur Chevaliers de la Table Ronde (Gouttons voir si le vin est bon).
Quand tonton Claude était des nôtres, il joignait le geste au chant et vidait dans son verre le restant de plusieurs bouteilles de Bourgogne disant que c’était son pèlerinage des cépages. Le Bourgogne semblait donner du cœur au ventre pour chanter à tue-tête.
Pour le Noël de mes 5 ans, j’ai demandé un accordéon à mon parrain. C’était une grande découverte, mais j’étais content d’y trouver le même clavier que sur mon piano.
Pour mes huit ans, j’ai insisté pour que nous allions des Pyrénées, lieu de nos vacances, jusqu’en Espagne car je voulais rapporter une véritable guitare espagnole. Avant de jouer du flamenco, je jouais des mélodies de chansons de la radio sur la dernière corde.
Un jour d’été, nous étions en vacances au sanctuaire de la Salette, en haut d’une montagne des Alpes, lorsque le curé demanda une bonne volonté pour accompagner les chants. Mon père monta aussitôt au grand orgue et accompagna tout juste à l’oreille.
A partir de ce moment-là, lorsque nous passions devant une église, je demandais à mon papa de faire une pause et je montais, moi aussi, au grand orgue, les jambes un peu courtes pour atteindre le pédalier.
Je n’ai jamais été attiré par les « bois » et les « cuivres » car un copain du dessous jouait de la trompette, celui du dessus du trombone et deux frères d’en face jouaient de la clarinette. On formait déjà un petit orchestre à nous tous. J’aimais jouer ce dont les voisins ne jouaient pas finalement !
Passionnant ce récit Jean -Marie! La chance alliée au talent, quel beau départ dans la vie!
C’est tout simplement merveilleux et touchant, ce récit de votre immersion dans l’environnement de la Musique sous tant de formes, au cours de ces tendres années de votre vie d’enfant.
Quel beau récit. Merci, Jean-Marie,