Petite fable affable
Dans le pays d’Australie, un berger
Offrait à ses moutons, vivant en troupe,
De boire au ruisseau sans se ménager
Et de manger aux prés leur saoul de soupe.
Ainsi paissaient-ils le cœur bien léger,
Et profitaient de l’ombre d’un verger :
Le soleil ne tannait pas trop leur croupe.
Comme d’aucuns peuvent l’envisager,
On ne pouvait faire plus pour le groupe
Qui engraissait sans se faire égorger.
On évoqua des dingos pour forclore
Les prés où divaguait notre troupeau :
Il n’en pâtura plus que cette flore
Et ne buvait qu’à sa source son eau.
Moins d’ombre aussi : pour échapper aux phores
Les arbres finirent en sémaphore.
On ne pouvait, sans risquer laine et peaux,
Faire ni plus, ni mieux que les enclore :
Pour que l’animal ait repos, dispos,
Pour son confort, c’est le plus indolore !
On en vint à manger foin en ballots,
Bientôt, et, pis, à boire à la citerne
Car l’enclos fut réduit, et au galop,
Un diable en menaçant flore et luzerne.
Dans la boue, les ovins au teint palôt
Avaient l’essentiel, se disant, l’œil à l’eau :
« Ne nous plaignons pas car nous pourrions vivre
En batterie. Ça c’est un autre lot :
Des tourteaux… et des antibio’ pour suivre
En attendant boucherie, mon pélo ! »
Garde-toi de ces bergers
Qui, ici-bas, ne te protègent
Que si l’enclos pour t’héberger
Restreint ta liberté, l’allège.
Garde-toi surtout du danger
D’être satisfait en ce piège !
© Christian Satgé – février 2014
Merci Christian très belle et profonde fable dont les mots sont recherchés et forts, bravo faire recours à des anciens mots ça fait que pimenter un peu plus nos sens recherchés bravo
Douce nuit
Mes amitiés
Fattoum
Merci Fattoum. pour ce gentil passage par les prés de mes humbles apologues et ce commentaire charmant. Bonne journée. Au plaisir de vous lire…
J’adore naturellement
cela laisse à réfléchir….
Vous avez le don de trouver de bons vieux mots qui n’existe plus
je suis jalouse mince
merci de vos mots.
Anne
Merci pour votre amabilité constante à l’égard de mes humbles écrits qui essaient de perpétuer un genre ancestral (la fable) décrié ou jugé anachronique… et c’est à partir de ce dernier constat que ‘j’ai décidé, pour donner quelque relief à ces bluettes, de les parsemer de mots qui sont désuets mais font, à mon sens le sens te la richesse, d’une langue nôtre qui me semble s’appauvrir d’année en année… Au plaisir de vous lire.
Merci Christian, gardons nous des prisons et des barbelés tendus par nos bourreaux, pour l’homme, c’est pareil;
Exactement Belle des Bois. Merci pour votre passage par ces prés mis au carré qu’ils soient en notre hexagone ou ailleurs. Au plaisir de vous lire…
Les moutons dans les prés salés en Baie de Somme, c’est magnifique,sans barreaux.
Ceux de nos estives (les pyrénéens alpages) ne. sont pas mal non plus !
J’en suis sure Christian, bonne semaine .