J’aimerais mourir pour quelques instants
N’avoir plus, du monde, la notion du temps.
Me désintégrer dans un univers
Où je verrai ma vie défiler à l’envers.
Et dans la nébuleuse des trépassés,
Où croupiront mes silences compassés,
Je me ferais juge, dans un tribunal
Où comparaîtra mon passé infernal.
Je désirerais, à ma plaidoirie,
Ces gens de rencontre, mes chers amis.
La sincérité de leurs sentiments
Serait capitale à ce jugement.
Je m’isolerai après la séance,
Délibérerais sur mes déchéances
Et m’accuserais de méfaits infâmes
Qui s’ajouteront au poids de mon blâme.
Et quand viendra l’heure du dénouement
Je m’acquitterai, bien évidemment,
Cédant à l’instinct de conservation
Qui pardonne toujours mes dérivations !
© 13 04 1978 – Philippe Dutailly
Merci pour ce partage où l’accusé n’ a besoin ni de juge ni d’avocat : il se juge et se défend avec talent !