Héroïnes sans médaille ( guerre de 14 ) – Philippe DUTAILLY

Les femmes s’émancipaient en coupant leurs cheveux.
Comme les hommes dont elles prenaient le rôle.
Ce geste symbolique était tout un aveu
De l’esprit féminin qui voulait la parole.

Car c’était de leurs travaux que vivait la nation.
Du produit de l’usine et de la campagne
Dépendait également la détermination
Des Poilus engagés sur le front de Champagne.

Dans ces temps où l’enfer semblait être éternel,
Les mères demeuraient les ultimes adresses
Où la tête reposant sur le sein maternel,
L’enfant trouvait encor l’amour et la tendresse.

Elles avaient la fonction du père et de la mère
Et étaient, à la fois, sévères et câlines
En gardant leurs espoirs dans ces années amères
Où le monde chutait dans des voies sibyllines.

Chaque coup de canon de la guerre sauvage
Supprimait des soldats de l’affreuse tourmente
En colorant en noir, symbole du veuvage,
Les robes de mariée de leurs pauvres amantes.

©

Philippe DUTAILLY

Philippe DUTAILLY (89)

Tombé amoureux de "L'albatros" de Charles Baudelaire, poème appris lorsque j'étais 'écolier et nourri au hasard de Victor Hugo, Georges Brassens, Léo Ferré, Lamartine et beaucoup d'autres, j'ai commencé à faire rimer les mots vers l'âge de 18 ans. D'abord très inspiré par Brassens, j'ai pris, au fil du temps, mon autonomie pour en venir à des textes plus intimes qui, pour certains, servirent d'exutoire à des émotions mal vécues.

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