LXVIII – Florette et ses doutes
Florette est une adorable jeune maman d’origine antillaise vivant à Bruxelles.
Nous avons entretenu de longs échanges épistolaires avant que je ne saute dans le Thalys pour aller la retrouver à la gare de Bruxelles.
Elle m’a emmené jusqu’à sa belle et grande maison où elle m’a présenté ses deux filles à qui elle m’a présenté comme un ami en Christ qui allait passer trois jours avec elle.
En aparté, elle m’a signifié avoir une totale confiance en ce qu’elle appelait mon « innocence » car le dernier « ami en Christ » qu’elle avait hébergé n’avait pu se retenir de la rejoindre dans son lit.
Florette me raconta presque toute sa vie, dont son mariage avec un africain ayant un pied dans l’Islam et l’autre dans une étrange église évangélique locale de son pays d’origine. Il y était retourné et y postait sur les réseaux sociaux des photos de morts revenant à la vie grâce à ses prières. De nombreux vrais-faux cadavres alignés sur des paillasse dans un prétendu caveau qui servait en fait de studio de propagande.
Elle ne voulait plus le voir à cause de sa violence qui effrayait même ses filles.
Elle me parla aussi de Laurent, un jeune homme qui l’avait abordée sur une plage lors d’un récent week-end à la mer. Cet homme se disait incroyant, mais prêt à le devenir si Florette refaisait sa vie avec lui.
Elle et moi étions dans une relation de totale confiance, même si son charme était difficilement résistible, ne serait-ce que pour son incomparable sourire.
Florette se sentait en fait très seule et en manque de présence masculine aux niveaux corporels, psychologiques et spirituels. Pour pallier la question physique quelques chastes massages lui permirent de reprendre possession de son corps, car elle en était venue à ne vivre que dans son mental.
Nous nous promenions souvent avec ses filles qui ne cessaient de dire qu’elles souhaiteraient que je reste avec leur maman. Les satisfaire ne m’aurait pas déplu, mais j’avais pris en considération sa confidence sur cette rencontre de bord de mer, d’une part, et de son engagement dans une église en laquelle elle m’avait invité et ne manqua pas de me laisser une forte impression de secte d’illuminés. De fait, la police a dû venir la fermer manu militari le lendemain-même.
Elle attendait de son ami frère des conseils désintéressés au sujet de ce qu’il conviendrait de répondre aux avances de ce Laurent. Je l’ai encouragée à ne pas le fuir à cause de son incroyance et de l’accompagner sur le chemin de foi auquel il se prétendait prêt.
Quelques week-ends plus tard, c’est Florette qui vient me rejoindre à Paris. Nous marchions partout côte à côte, souvent la main dans la main, parfois même l’un tout contre l’autre. Lors d’une pause devant la basilique du sacré cœur je lui ai demandé des nouvelles de son cheminement avec Laurent. Elle me remercia pour les conseils que je continuais à lui prodiguer à ce sujet, que tous deux se rapprochaient tout doucement et envisageaient le mariage, même si elle faisait tout son possible pour le tenir un peu éloigné d’elle, eu égard à ses expériences antérieures.
Les mois passèrent. Florette me fit part qu’elle s’était mariée, qu’elle avait déménagé pour Hal et je lui ai répondu que je m’en réjouissais.
Or, j’appris indirectement, qu’un autre homme vint s’immiscer entre Laurent et elle, un africain prénommé Hassan qui, comme son ex, avait un pied dans l’Islam et l’autre dans une église évangélique auto proclamée. Puisqu’elle l’épousa aussitôt et se disait heureuse, je m’abstins de commentaires. Je mesurais juste le poids du passé dans sa vie, ajouté à celui de ses doutes au sujet d’une vie à deux avec un incroyant, ou tout simplement avec un homme moins illuminé que ceux qu’elle avait toujours fréquentés.