
Bonjour à tous et toutes,
Nous allons, à l’instant, composer un contre-blason :
De quoi s’agit-il ?
Ecrire des vers libres (pas de contraintes).
Ou écrire des vers de 8, voire 10 syllabes,
Avec des rimes, si cela vous inspire, souvent sous la forme AA BB CC …
Le contre-blason critique une partie du corps humain ou un objet.
(A l’inverse du blason qui en fait l’éloge.)
Voici le contre-blason que j’ai inventé, de libre façon, :
Monsieur De Traverdalle
Apercevoir le noble Sire De Traverdalle,
Puis, spontanément l’accoster, le saluer, lui parler,
Que nenni, mes braves gens ! Plutôt fuyez !
Je vous décris ici ce singulier personnage.
Un air mélancolique, désabusé, de chien battu,
Le dos affaissé laissant paraître une étrange bosse,
Un pied bot laissé par la famille en héritage,
La démarche mal assurée et, des jambes arquées.
L’œil vide, le regard de travers,
Une bouche édentée penchée sur un côté,
La balafre sur la joue, témoin d’un rude duel,
Le visage entier ceint d’oreilles tombantes.
Cet homme, au charme douteux,
Erre constamment dans le bourg d’à côté,
A la recherche, dit-on, de sa moitié.
Foi d’une rumeur, c’est la plus stricte vérité !
Quelle allure, la dame élue, pourrait-elle revêtir ?
Viserait-elle la fortune de monsieur De Traverdalle ?
Hélas ! Depuis longtemps, il n’a plus le sou !
L’élégance du personnage attirerait-elle ? J’en doute !
Pourtant, n’affirmons-nous pas que, toujours,
Chaque individu découvre soulier à son pied ?
Figurez-vous, que je ne sais pas mieux dire ;
Et, pour finir ce récit, je m’en vais vous conter les faits.
Il y a trois jours, Sire De Traverdalle vit une dame distinguée
Attablée innocemment à la taverne des bons amis. Pressé,
Il l’aborda, l’invita à célébrer cette rencontre inopinée.
Il n’en fallut pas plus, pour que ces deux êtres furent réunis !
Plus vite qu’il ne faut pour l’écrire,
Nos deux héros échangèrent leur consentement.
Curieux de nature, j’aurais bien voulu connaître
La suite de cette, tout à fait, rocambolesque aventure.
Voici à présent, le contre-blason écrit par Joachim Du Bellay : Du laid tétin (extrait) :
Tetin propre pour en Enfer
Nourrir l’enfant de Lucifer :
Tetin boyau long d’une gaule,
Tetasse à jeter sur l’epaule
Pour faire (tout bien compassé)
Ung chapperon du temps passé ;
Quand on te voyt, il vient à maints
Une envye dedans les mains
De te prendre avec des gants doubles
Pour en donner cinq ou six couples
De soufflets sur le nez de celle
Qui te cache sous son aisselle.
Va, grand vilain Tetin puant,
Tu fourniroys bien en suant
De civettes et de parfums
Pour faire cent mille défunts.
Tetin de laydeur despiteuse,
Tetin, dont Nature est honteuse,
Tetin des vilains le plus brave,
Tetin, dont le bout tousjours bave,
Tetin fait de poix et de glu :
Bren ma plume, n’en parlez plus,
Laissez-le là, ventre sainct George,
Vous me feriez rendre ma gorge.
Un contre-blason :
– Une approche critique et satirique.
– Des défauts et aspects négatifs d’un personnage. (ou d’un objet)
– Le ton ironique ou moqueur pour dénoncer des travers sociaux ou moraux.
Personnellement, je ne m’interdis pas d’adapter un contre-blason dans une forme tout à fait libre.
A votre tour, vous souhaitez écrire une poésie sous forme de contre-blason ? Si oui,
composez votre texte puis, n’hésitez plus ! Adressez-le sur le site Plume de Poète.
Merci.
G.L.
Gérard Lepoutre