Discipliner sa pensée – Jean-Marie Audrain

    A l’aide de la philosophie stoïcienne éclaircissons ce sujet, sachant que trois choses seulement dépendent réellement de nous : les jugements de valeur, ou pensées sur tout ce qui se passe, l’impulsion vers l’action ou la volonté, et les désirs ou aversions de notre partie émotionnelle.

Ce ne sont pas les choses qui nous troublent, mais les représentations et les images mentales que nous faisons de ce qui nous arrive. De ces jugements ou représentations mentales naissent plus tard le désir ou l’aversion et l’impulsion de l’action. Une image ou un jugement intérieur n’est vrai que lorsqu’il coïncide avec la réalité objective.

 

Marc Aurèle, empereur romain et philosophe stoïcien, nous dit dans ses « Pensées pour moi-même » : « Efface de ta pensée ce qui n’est que pure fantaisie et parle-toi intérieurement ainsi : « En ce moment même, il ne dépend que de moi qu’il n’existe en mon âme aucun vice, aucune passion, en un mot, aucun désordre ; pour cela, il me suffit uniquement de voir chaque chose telle qu’elle est et de l’utiliser comme elle le mérite »

Un autre élément fondamental pour la bonne maîtrise du mental est de ne pas le laisser s’échapper vers un autre moment qui ne soit pas le présent. Parfois nous souffrons de porter le poids de « toute la vie », alors qu’il est suffisant de savoir supporter le poids de « chaque jour ».

Une méditation de Marc Aurèle le confirme « Ne considère pas dans leur ensemble les épreuves douloureuses de toutes sortes que tu devras sans aucun doute subir, mais au fur et à mesure que tu les expérimenteras, pose- toi cette question : « En quoi cela consiste-t-elle » ou « qu’est-ce qu’en ce moment je ne peux pas supporter » ?. Tiens compte, ensuite, que ce n’est ni l’avenir ni le passé qui nous affligent, mais le présent. Après…, les maux actuels ne sont presque rien si tu les réduis à leur intensité réelle»

Cependant, penser au futur faisait également partie des exercices intérieurs stoïciens. Être préparé au pire qui peut arriver était un moyen d’éviter le trouble de l’âme, mais c’est aussi un outil fondamental pour l’art de choisir correctement.

Sans réfléchir profondément aux conséquences de nos actions, nous ne pourrons pas prendre les décisions correctes. Et Marc Aurèle de nous dire : « Avant d’accomplir un acte, demande-toi : à quoi cela va-t-il me servir ? Vais-je le regretter ? Mon acte présent est-il digne d’un être intelligent, sociable et soumis à la loi de Dieu ? ».

En résumé, selon cette discipline de la pensée des philosophes stoïciens, il ne s’agit pas seulement d’apprendre à penser de manière cohérente et en faisant usage de notre qualité la plus élevée, la raison, mais que « cette pensée juste doit devenir la racine de nos émotions et de nos actions quotidiennes. Ne pas ressentir ni faire quoi que ce soit qui aille à l’encontre de notre nature humaine rationnelle.

 

 

 

 

Jean-Marie Audrain

Jean-Marie Audrain (773)

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : https://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial. Malgré tout il vient d'autoéditer le florilège de toute en vie et dans tous les syles : https://www.amazon.fr/Petit-Prince-Mots-dit/dp/B0BFVZGNYM et d'écrire des chansons pour 3 CD d'Ophélie Morival (puis pour d'autres voix amies) : https://www.youtube.com/watch?v=Q0bvWkljrlw.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.

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11 Commentaires
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Guy André Talon
Membre
11 juin 2022 12 h 06 min

Une mise au point très intéressante… Nietzsche, avant l’effondrement de 1889, s’est intéressé au stoïcisme. Notamment en ce concerne leur conception du temps, le retour périodique. Encore que chez Nietzsche la notion (éthique) d’éternel retour signifie en somme : “Vis ta vie de façon que tu la vivrais à l’identique dans un éternel retour.” L’être humain pense-t-il doit se “surmonter”, aimer son destin (“Amor fati”) et choisir sa mort. (Voir “De la mort volontaire” dans “Ainsi parlait Zarathoustra”, un livre exigeant mais capital.)

Plume de Poète
Administrateur
10 juin 2022 9 h 32 min

Trop compliqué pour ma petite tête…j’aime mieux lire tes vers…

Hélène Lebougault
Membre
9 juin 2022 14 h 39 min

Sauf qu’on ne peux pas “gérer” les émotions avec la tête. Seul le coeur à le courage et la patience de les accueillir et de les laisser partir.

On ne peut pas gérer le mental. Il est temps de remettre le coeur au centre de notre fonctionnement. C’est à dire que le mental devient son serviteur et non l’inverse.

N’oublions pas que nous sommes des êtres spirituels d’amours faisons une expérience humaine rationelle et non l’inverse.