Un soir, Monsieur Misère étendit son pardessus tacheté à l’horizon.
Dans sa petite niche, quelques ronds tombèrent, qui ne valaient presque rien.
Sans les compter, il les planta à la diable dans l’ignoble friche brûlée.
Ce fût l’heure de la fête, et au-dessus de sa tête ses pensées dansèrent.
Mêlé au vin, l’écho de dèche revint, avec les gargouillis de sa faim.
Les bourgeons, qu’il arrosait pendant son sommeil, penchaient haut vers la floraison.
L’argent tombait du ciel d’illusions, entassait dans ses poches après le rien.
La satiété se balança en présence d’ivrognes au ventre gonflé.
Après cette trêve, Monsieur Misère ne ramassa que quelques chimères.
Il se retourna dans son lit, et couvrit ses rêves, par un nouveau refrain.
L’été revient, il n’est plus dans l’armée, il a dit adieu à la garnison.
Il vend son lourd vert kaki et suit le long chemin du vent, qui ne sert à rien.
Il maudit le miroir aride, qui bavarde avec ses rides révélées.
Il ne lui reste que des cauchemars d’un bar, dans le vestige du désert.
Il trempe dans le vertige de la gare, en attendant la chute et le train.
Merci Saber pour ces mots magiques dans tous vos écrits! bon jeudi Colette