La cigogne et le renard – Christian Satgé

Petite fable affable

Renard, fieffé trompeur, ne peut décolérer :
Lui, il avait été abusé par Cigogne
À qui, lui, il jouait tant de tours sans arrêt.
Il voulait punir la charogne
Qui colportait son fait (moquant abondamment)
À tout-venant, jusqu’à la moindre de ses miettes.
Il l’invita, dit-il, pour clore l’historiette
Car il faut pardonner et ne savait comment
Mettre un terme enfin à leurs bouderies.
Elle se laisse avoir par la verroterie
De mots si bien servis, des mets qu’il lui promit,
Ne flairant point la félonie.
Le repas est sans atonie,
Le maître de maison s’empresse
Les plats, tout en délicatesse,
Sont des délices, cuits à point.
Elle dit à Renard qui ouvre son pourpoint.
« Je n’ai pas reconnu qu’elle était cette viande ?
– Du cigogneau, ma mie. Vous en fûtes friande ! »
Elle pâlit. « C’est plus qu’assez ! »
Fit-elle en s’enfuyant, raquant sur sa vêture.
Goupil riait encor’ quand la Dame, empressée,
Rendit l’invitation au Sire en sa masure.
Il ignorait, que le menu, fait aux bougies,
C’était lui, l’hôtesse ayant, ma foi, entrepris
De le servir frit aux corneilles.
 
Dia, qui veut jouer, à tout prix,
Au plus fort, finit sous l’oseille !
 
© Christian Satgé – mai 2012
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

1 Commentaire
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
le 20/10/2017
Invité
le 20/10/2017
20 octobre 2017 11 h 24 min

Très beau poème imitant par la forme et le contenu les célèbres “Fables de la Fontaine”. Enfin une fable à moralité dans une ère immorale! Félicitation notre Ami Christian Satgé.