YS
Ys, Ys, Ys,
Ys la Bretonne perdue dans les abysses
Ys l’orgueilleuse
Ys défiant les flots de la mer furieuse
L’océan tu narguais
Ys tu te croyais
Protégée par ta baie,
Tes falaises de craie
Car, si la mer d’Iroise
Englouti tes ardoises ;
Ta luxure, tes débauches effrénées
Aux mémoires sont restées
Mais rien de ta splendeur
Mais tout de tes erreurs
Les abysses ont tout enlevé
Et tes pêchés lavés
Ys la Gauloise, Ys la Romaine
L’Atlantique t’a purifiée de tes scandales
Toi dont Ahès, t’a faite sa capitale
De tous ses désirs
De troubles plaisirs
Tu régnais en maîtresse
Tu régnais sans faiblesse
Sur la baie et les terres,
Toi qui sus si fort résister, volontaire
Aux assauts, des corsaires
Ys la vaillante,
Ys la dolente,
Ys, cité toujours vivante,
Par-delà le temps,
Ys, morte pourtant
Toi qui toisais, l’avenir
Aujourd’hui ton souvenir
Deviens une légende en somme
Au cœur léger des hommes
Moins punie par les flots envahissant tes rues
Que par l’oubli, utilement survenu
Et le doute qui pour toujours assomme
Le cœur léger des hommes
Ys, chaque Breton t’emporte en sa giberne
Avecques son drapeau porté toujours en berne
Et comme flotte encore au mât l’hermine d’Anne
Toujours à bout de bras se portera sa flamme
Ys la disparue, cité toujours vivante
Ys de Queffelec, que le poète chante
Dans un sombre roman d’automne
Ys cité Bretonne.
Une lagune en séchant
Apporta un instant
La vision chimérique
D’une cité utopique.