Ah, tu étais si belle, Yolande LeMestrun Au temps de mes douze ans, tu en avais vingt-cinq Avec ta voix sonore et tes longs cheveux bruns Je crois que j’avais pour toi un peu le béguin Dans les petits villages français, tout se sait Un jour, j’appris un mot : Yolande a le cancè. Demandai à ma mère , c’est quoi ce cancè ? Tais-toi et ne redis jamais ce mot, jamais. Ah, elle était trop belle, Yolande aux longues jambes Aux épaules nues qui roulaient sous son chandail Son rire qui fusait , son de viole de gambe Quand, avec des œufs , elle venait au portail Moi, je ne compris rien, et seulement après, Dans la vie, j’ai toujours été un peu niais. Mais plus le temps passait et moins je la voyais Ma si belle Yolande au sourire si gai Puis un jour vint la vieille Amélie, sa mamè Qui s’assit à la table et dit voilà , c’est fait. Tout à coup, je saisis , je compris les deux femmes De quoi elles causaient, pourquoi on murmurait. Et je fus cisaillé, comme passé à flamme. Et puis, elle partit, sa mère ,dignement.
| Tout à coup, je saisis , je compris les deux femmes De quoi elles causaient, pourquoi on murmurait. Et je fus cisaillé, comme passé à flamme. Et puis, elle partit, sa mère ,dignement. Voilà , tout était dit . On la revit souvent Elle ne parlait plus après l’enterrement. Au pays des Bretons, on souffre en se murant. Le cancer de Yolande tua sa famille Petit à petit, on les vit partir en vrille Yvon, le frère, fuit dans un lointain Paris Karen, la fille, entra dans une fausse vie. Au marché, l’autre jour, j’entendis ” Viens,Yolande” Me retournai et vis , près des oeufs, une grande Brune avec son panier, alors, je m’adossai Emotion bien trop grande ! ô, tout se ressemblait! Certains disent souvent : souvenirs ne sont rien . Moi, les souvenirs m’assaillent comme des pierres Je tressaille, je vibre, et perds tous mes repères Ah, Yolande la belle brune aux grands yeux verts! Comment bien résumer le destin qui fut tien ? Comment exprimer la vile mort en ton sein ? Avec de faibles vers, quand la vie rime à rien ? Tu vis dans ma mémoire, tu revis quand vient Me frapper ton prénom ah, que mon coeur s’étreint !
©Hubert-Albert du Clos Lus |
Bravo Hubert très bel hommage émouvant, ah! C’est ainsi va la vie
Agréable journée
Mes amitiés
Fattoum.
Très touchant,merci.