VOYAGE
J’ai marché longtemps
J’ai traversé des continents
J’ai vu des contrés d’or et de vent
J’ai rigolé et pleurer comme un enfant
J’ai humé le parfum des forets,
Franchi des défilés et des montagnes sacrées
La terre s’est accrochée à mes souliers
Et les rivières m’ont offert de les traverser
J’ai dansé au clair de lune,
Surpris des rongeurs compatissant,
Suivi des mirages dans les dunes
Et parlé aux Touaregs au soleil levant
J’ai violé des propriétés
Et pénétrer dans des vergers,
Dégusté les fruits murs du figuier
Et dormi à la belle étoile du nouveau né
J’ai marché à l’aveuglette
Et plongé dans des eaux tièdes
Ma mémoire a retenu des couleurs de fêtes
Et des oiseaux aux allures fières et raides
J’ai traversé des fleuves à caïmans
Sur de vieux ponts tremblant
Et rejoint dans la plaine lointaine
Les lumières incertaines de la nuit Africaine
Le vin de palme m’a fait chanter
En compagnie de tous les hasards
Et des esprits errant ne sachant ou aller
M’ont ramassé sur un trottoir
Les étoiles m’ont vu passer
La lune m’a ouvert le passage
Et la savane, par la lune, dorée
M’a offert sa beauté irréelle en gage
j ai passé les frontières de nulle part
Dans des épaves sans freins
En pleine brousse j’ai sauté d’un train
Et parlé à mon écho quelques parts
J’ai fais des farces à des compagnons de sommeil
Une cigarette dans la bouche ouverte
Les bruits de la nuit m’ont tenu en éveil
Les noctambules de la jungle faisaient la fête
Le soleil dans la brume matinale
La végétation qui buvait les dernières gouttes de rosée
La cime des arbres embrumée et pales
La nature s’est fardée et maquillée
Au fur et à mesure que j’écris
Les souvenirs me reviennent plus précis
Et me reviennent en mémoire tant de récits
Ou ma marche s est mêlée à l’indécis
Des routes, compagnes de mes voyages,
Pistes de terres rouges du cœur de l’Afrique,
Ont surpris au petit matin des villages
Réveillés par un soleil magnifique
Un chien engourdi d’une longue nuit
Un gamin à poil qui retrouve peu à peu la réalité
Un homme qui s’assoit fatigué d’avoir dormi
Une femme qui s’active gênée par quelques poules affamées
La moiteur de la foret tropical
La lenteur des aubes claires
Les voix perdues qui se signalent
Les parfums de la terre qui s’emballent
J’ai pris les routes inquiétantes
De la Sierra Leone et du Liberia
Ou les espèces sonnantes et trébuchantes
Sont la seule réponse à tous les tracas
Dans un bar ma basse a retenti
En compagnie de vieux routards de la musique Cubaine
Et nous avons joué toute la nuit
Remplissant, les rues de grisailles,de nos rires et de nos peines
J’ai repris plus tard mon voyage
En me dirigeant vers le pays de l’ivoire
Par des pistes forestières d’un autre âge
En compagnie d’une éponge qui aspirait tout ce qui était à boire
Un douanier zélé et dans le besoin,
Au poste frontière m’a suspecté d’espionnage,
Quelques deniers pour soulager sa faim
Nous permettaient de nous quitter avec sourires et hommages
Le continent Africain est d’une rare beauté
Ou mystère et quiétude s’entremêlent
Des arbres immenses ont l’air de flotter
Sur la surface de la jungle embrumée
parfois, chemin faisant, à la nuit tombée,
Vous entendez au loin des voix
Vous ne voyez rien mais la vie est à coté
La brousse c’est des larmes et de la joie
Un compagnon de route arrivé à bon port
M’invita chez lui pour la nuit
son père, très hospitalier, pour améliorer mon sort
me proposa une femme que j’aurai choisie
Le matin après une douche en plein air
Abrité des regards par quelques branches feuillues
J’eus droit au petit déjeuner de la grand mère
Avant de reprendre ma route reposé et repus
Ainsi j’ai marché droit devant
Faisant une pause de temps en temps
J’ai vu des bergers accompagner leurs moutons
Et j’ai pris la poussière drainée par des camions
La nuit est tombée sur les étoiles
Les bruits se font lointains et rares
Et la lune complice de ma cavale
M’entraine dans la lumière de son miroir
©Hissame