Vague d’écume. Anne Cailloux

Au milieu d’une vague d’écume

surgit un sardinier

entraîné par la houle

dans un vent noroît

Des rieuses se moquent du capitaine

attendant les reliques de quelques poissons

.

Au loin, quelques ombres se dessinent sur la grève

En ce dimanche matin

le choix du roi se met en marche…

À bâbord, l’église, ses Avé-Maria et Notre Père

à tribord, le bar des quatre vents

qui accueille les marins en ivresse des profondeurs

dans des verres ou l’apnée est de mise

dans des rouges qui donnent du rose aux joues

dans des blancs qui s’emplissent de silence.

.

Entre les deux choix, un chemin, une croix, un triskell

presque du « Jacques de Compostelle »

si vous allez à tribord, au retour des quatre vents

il n’est pas exclu que vous finissiez

à genoux, comme à Compostelle d’ailleurs!

Que vous alliez à gauche ou à droite

vous allez vous signer

Parfois, ceux de bâbord finissent à tribord

et vice-versa.

.

Il se dit qu’un marin venant de Grèce

ayant trop tardé dans les vignes du seigneur

aurait voulu trinquer à la santé de Poséidon

il aurait vidé le bénitier

jurant que notre vin était de la piquette.

De la taverne à l’église, il n’y à qu’un bar…

A l’horizon, un voile de brume se dessine

sur une palette d’absinthe et d’ambre d’anis.

Un orage erre le long des Cotes d’Emeraude

le cœur de l’océan gronde.

.

Des vents offerts à la voûte étoilée

fracassent les rouleaux sur les optimistes

qui s’endorment entre deux vagues à lames

Les derniers ors du soleil ciblent mon corps

qui se mielle d’un doré abricot.

.

J’étais sur un chemin sans issu

accompagnée d’une prose voyageuse

j’hésitais entre un bâbord et un tribord

Je venais d’accoster à ton port

tu est devenu le capitaine de mon bord

À l’entrée du port

tu as usé tes chaussures

sur des galets devenant glissants

et aussi brillants qu’une patinoire.

.

Combien de rêves éperdus

d’amours attendues et d’apaisement d’âmes

sont survenus ou ont terminé sur le bord de la rade

sur le bord de ton navire, sur le bord de ton âme.

.

Je me souviens de ton grain de folie

qui glissait sur ma peau

au bord d’un devenir

tu es devenu mon littoral.

Ton regard est resté logé dans ma mémoire

sur mon grimoire coulent des murmures, des souvenirs

que je n’ai pas oubliés

.

Une vague impatience s’endort a mes pieds

comme une dentelle de Calais

habillant mes chevilles.

En ce jour, rien à changé

ton sourire illumine toujours le port

Les marins titubent encore

allant de bâbord à tribord

.

A l’église les hommes prient

pour que les verres soient toujours pleins

au bar, les hommes lèvent leurs verres

à la santé de tous les saints.

Moi, je viens prier dans ta paroisse

de bâbord à tribord..

Anne Cailloux

 

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (334)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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Invité
9 juillet 2018 2 h 18 min

Bravo Anne très beau texte.

Christian Satgé
Membre
8 juillet 2018 17 h 39 min

Texte qui tangue heureusement d’un bord à l’autre comme nous le faisons peut être un peu trop souvent. Merci et bravo pour ce voyage un brin surréaliste, Anne.