Trace de l’effacement Laurelise Chalzib
L’usure sur la marche de droite
Cette trace de l’usure par les pas
Les pas sur la marche de droite de l’église
Celle du village abandonné, en ruine.
Usure non mesurable, épaisse pourtant.
Il y avait une fois un peu comme cette trace
Une personne, sorte de fantôme erratique
Tout en effacement, en gommage,
Aux masques multiples certes,
Mais quand ils tombent, étrange inquiétude…….
Malgré la volatilité, l’inconstance fréquente:
L’immense impossibilité de se mouvoir
Ni d’entrer, ni de sortir
Ni d’avancer, ni de reculer.
Pétrifiée ad eternam !
Cet hère au vol brisé,
Dont la récolte vaine se solde par un gain nul
Les frondaisons subtiles l’ont entendu.
Hère solitaire loin derrière,
Fragmenté, intouchable.
Inassignable
Ce fantôme était comme l’usure tangible de la marche
La trace des larmes sur le visage
Le trait majeur, celui du ruissellement
Le ruissellement de la douleur enfouie,
Qui prend sa source dans le tragique
Voici ce que je retins de ce moment.
Les larmes comme les pas des gens
Dans ce mouvement concave
Avaient doucement creusé qui la peau
Qui la pierre
Et figé dans le temps cette trace de l’effacement.
Le titre
me faisait rêver
le contenu
est tout aussi
inspirant
superbe texte
j’aime cette opposition entre le minéral et l’organique
cette graduation _traces à la fois graves et belles
roche, de pénombres spatiales & temporelles
très bleutées
Ces traces de l’effacement dans la pierre, dans nos rides, dans nos cœurs… temps qui passe qui nous fait souffrir mais donne sa valeur à tout ce qui vit.
” L’or, l’argent, l’airain, le fer, l’étain et le plomb, tout objet qui peut aller au feu, vous le ferez passer par le feu pour le rendre pur” (Nombres, 31). Très beau texte à méditer, merci Laurelise !