Sur les marchés – Cédric Etienne

j’ai déposé sur les marchés
mon cœur à la criée
je l’ai mis en étalage
invendu il a pris de l’âge
 
je l’ai mis à bas prix
quand les soldes sont venues
mais personne ne l’a vu
même à moitié prix
 
j’ai parcouru les villages
mon cœur a pris de l’âge
je l’aurais bien donné
à quiconque l’aurait aimé
 
mais qui veut d’un fruit
inconnu et à bas prix
ramassé pour être vendu
d’un péché défendu
 
le prix de la passion
vendu sur ce marché
longtemps il est resté
et a perdu raison
 
il a perdu son goût
et toutes ses couleurs
le fruit de mon cœur
qui battait pour vous
 
j’ai fait tous les marchés
mais comme les fruits tripotés
perdent leur valeur
blessé est devenu mon cœur
 
même bradé et soldé
personne l’a récolté
et sur cette étalage
il a pris de l’âge
 
il a pourri et ramolli
et les couleurs de sa vie
sont devenues comme sa vie
trop cher pour son prix
 
je l’ai pris et jeté
car sa vie était finie
mais une dame l’a ramassé
et avec est partie
 
elle a séparé le pourri
de la graine qui donne la vie
et a fait germer la fleur
qui sommeillait en ce cœur

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Cédric Etienne

Cédric Etienne (152)

Je suis orphelin, (Né le 27/05/1981 à Rennes). J'ai été élevé par ma grand-mère et mon arrière grand-mère.
Mon grand-père dès mon plus jeune âge, me laissait dehors pendant l'heure du film. Il buvait beaucoup et je m'en prenais plein la figure quand il ouvrait la porte.
Mon rêve n'est pas de devenir riche, non, bien loin de là, mais mon rêve avant de partir serait d'avoir l'âme d'un poète et pouvoir faire partie de cette grande famille qu'est la poésie.
C'est ma mère, à mes trois mois qui m'a abandonné devant sa porte dans un berceau avec le vaniti, un torchon pour tenir mon biberon, mes fesses étaient brûlées au troisième degré, car mes changes n'étaient pas changés.
Par les pleurs les voisins m'ont recueilli, les services sociaux sont venus. J'ai eu la chance d'être élevé par mon arrière grand-mère et ma grand-mère.
Je remercie les femmes qui ont pris soin de moi, mais en même temps je remercie cette dame qui m'a abandonné car je crois que c'est grâce à celà que j'aime la poésie.
Je remercie fortement Alain d'avoir créé ce site pour nous , merci !

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Invité
10 mars 2021 15 h 47 min

Je reviens sur ce texte qui m’a réellement marqué. En fait, je viens de comprendre une chose. Inconsciemment, j’ai fait le lien avec un poème que j’ai lu il y a longtemps “La Charogne” de Charles Baudelaire, poème qui, lui, est très noir, très sombre. Et justement, grâce à votre texte, vous lui faites un beau pied de nez. Alors que Baudelaire voit la pourriture dans la beauté (les trois dernières strophes de son texte sont quand même glauques et difficiles à supporter; je ne vois pas comment la donzelle a digéré une telle déclaration d’amour), vous, de votre côté, complètement opposé au sien, vous voyez la beauté et l’espoir malgré le flétrissement.

Invité
9 mars 2021 8 h 14 min

Merci pour ce beau texte qui m’a parlé droit au coeur

Lucienne Maville-Anku
Membre
8 mars 2021 18 h 03 min

Ah, cette dame a su voir plus loin… au-delà de l’apparence.

Beau texte parlant, Cédric.