j’ai déposé sur les marchés
mon cœur à la criée
je l’ai mis en étalage
invendu il a pris de l’âge
je l’ai mis à bas prix
quand les soldes sont venues
mais personne ne l’a vu
même à moitié prix
j’ai parcouru les villages
mon cœur a pris de l’âge
je l’aurais bien donné
à quiconque l’aurait aimé
mais qui veut d’un fruit
inconnu et à bas prix
ramassé pour être vendu
d’un péché défendu
le prix de la passion
vendu sur ce marché
longtemps il est resté
et a perdu raison
il a perdu son goût
et toutes ses couleurs
le fruit de mon cœur
qui battait pour vous
j’ai fait tous les marchés
mais comme les fruits tripotés
perdent leur valeur
blessé est devenu mon cœur
même bradé et soldé
personne l’a récolté
et sur cette étalage
il a pris de l’âge
il a pourri et ramolli
et les couleurs de sa vie
sont devenues comme sa vie
trop cher pour son prix
je l’ai pris et jeté
car sa vie était finie
mais une dame l’a ramassé
et avec est partie
elle a séparé le pourri
de la graine qui donne la vie
et a fait germer la fleur
qui sommeillait en ce cœur
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Je reviens sur ce texte qui m’a réellement marqué. En fait, je viens de comprendre une chose. Inconsciemment, j’ai fait le lien avec un poème que j’ai lu il y a longtemps “La Charogne” de Charles Baudelaire, poème qui, lui, est très noir, très sombre. Et justement, grâce à votre texte, vous lui faites un beau pied de nez. Alors que Baudelaire voit la pourriture dans la beauté (les trois dernières strophes de son texte sont quand même glauques et difficiles à supporter; je ne vois pas comment la donzelle a digéré une telle déclaration d’amour), vous, de votre côté, complètement opposé au sien, vous voyez la beauté et l’espoir malgré le flétrissement.
Merci pour ce beau texte qui m’a parlé droit au coeur
Ah, cette dame a su voir plus loin… au-delà de l’apparence.
Beau texte parlant, Cédric.