Le premier pas franchi
Sur ce sol inconnu,
Nous sommes étourdis
D’entrevoir la cohue.
La lourde atmosphère
Devient bouillonnante
Lorsque nous ingère
La foule grouillante …
Porteurs et quémandeurs
Divers, nous harcèlent
Misant sur la candeur
Ô providentielle …
La voiture rebondit
Dans quelques ornières,
Le chauffeur de taxi
Regarde à l’arrière.
Moi, je suis replongée
Dans ma contemplation,
De cette pauvreté
Naît la consternation.
Quelques jours encore
Me seront accordés
Pour constater la mort
De mon rêve éveillé.
Comment ne pas frémir
Aux chants des balafons
Mêlés dans le zéphyr
De kora aux doux sons,
Quand à proximité
Passe la misère
Dans son pagne drapé,
Insoumise et fière ?
Terre languissante,
Semblant déshéritée
Les pluies déferlantes
Par trop te sont comptées.
Quant éclate l’orage,
Les filles, les garçons
Mènent grand tapage
Sous ce flux de mousson.
A peine ruissellées,
Les eaux se mariant
A ton sol, fécondé,
Tout est luxuriant !
L’opulence du ciel
Pour un moment endort
Les existentiels
Caprices du sort.
Premières joies passées,
On constate alors
Visages consternés,
L’envers du décor …
Les tôles sont percées
Parsemées de pierres,
Le vent a échoué
L’eau gagne la guerre.
Un seul coin à l’abri,
Et tous s’y entassent,
Un bébé est surpris
Dans la calebasse !
Le sable fin des rues
Sous les eaux disparaît,
Et ce pays en crue
Ressemble à un marais.
Le sol a étanché
Sa soif féconde,
La chaleur épanchée
Assèchera l’onde.
Touriste qui passe
Arrête-toi un peu
Pour que ne trépasse
La pitié dans tes yeux.
©S Gibert