Vos écrits m’ont fait souvenance de moment rare que je n’oublie pas, j’étais une gamine.
Je vous offre mes mots et mes souvenirs.
Je me souviens, de votre Camargue,
elle est passée par l’enfer pour moi mais m’a laissé un goût de paradis qui reste en moi à jamais.
Le vent chaud d’été me cingle encore le visage, le bruit des grillons me berce à nouveau,
le sable blond tombe des pantalons le soir au coucher, au loin une musique gitane résonne, Manitas..
Puis, la digue à la mer, la réserve et son garde-barrière que l’on passait sans problème grâce au gardien du Phare Néné.
En arrivant, la procession passait par Méjanes et le restaurant de Paul Ricard, spécialités d’anguilles au vin rouge.
Ses viviers d’anguilles et sa légende,
qui narrait qu’elles étaient plus efficaces que de la chaux vive pour faire disparaître un cadavre..
C’était du Audiard, croyez-moi.
Ses bus cabanons restaurants sur la plage, faits de deux planches de bois et d’un toit, en plaque de taules.
Ses verbes hauts avé l’accent puissant, que l’ont aimait tant, ce terrible aïoli du vendredi soir
et ses recettes de niglos qui passaient de bouche à oreille comme le plus grand des secrets.
Puis, tôt le matin, quand c’était possible, quand l’embuscade n’avait pas été trop longue,
quand vous n’étiez pas empégués jusqu’aux yeux, la pêche à la téline.
Tirer un tamis de 25 kilos dans la mer, à la force des bras avec le sable qui s’accumule dedans,
pour un si petit coquillage offert à l’apéritif avé une momie.. Respect.
Cette terre ridée par le soleil, ses moustiques,
son sable blond qui volait dans le vent, au milieux des flamants aux ailes enluminées du rose,
de ses milliers d’oiseaux, de ses taureaux aux naseaux fumants de ses moustiques bien sur.
Le Beauduc est son phare qui n’était pas encore robotisé. Néné, gardien et sa femme Hélène,
grâce à qui certaines portes fermées s’ouvraient : dont celles des Manades, mas et vieilles familles camarguaises.
Dormir au phare et tirer l’eau à la pompe le matin. Reçus comme des monarques..Rip Néné.
De cette Sainte Marie de la mer et de ses pardons le 24 mai ..Sainte Sarah,
Le monde sédentaire, voyageur, gitans, roms, Yéniches, tziganes, d’ici et de la bas, tournés vers sa plage.
Plus grand camping sauvage du monde, du mois de Mai, ras de marée indescriptible, spectacle unique, pittoresque.
Les bohémiennes sont là priant encore et encore dans des couleurs psychédéliques,
nous sommes presque dans les années 60, ça vaut Woodstock, croyez moi.
Comme je vous comprends Philippe…
Sa musique si particulière, de vieilles cassettes de Manolo ” Guitara de oro” que les vieux sédentaires ressortent.
Ses murmures de prières que même pas Dieu ne peux entendre, il faut être née là-bas pour comprendre.
Ses notes andalouses, ses gens tout en couleurs, tout en hauteur,
de ses femmes dansant le flamenco avec les sens. Charmeurs dans les gènes assurément.
Ses odeurs de barbecue qui n’en finissent pas, le cœur ouvert à tout vent, à tous gens..
Je serai avec vous par la pensée au mois de Mai..et si vous sentez un souffle sur votre nuque,
il se peut que ce soit moi.
Me tuke phenav ake o drom oke le kanre ; tu phir sar zanes. ”
Je te dis voici la route, voilà les épines ; toi, marche comme tu sais…
Anne Cailloux
J’adore la Camargue, merci Anne.
Voilà un bel hommage qui donne envie de prendre la route pour ce petit point de paradis. Bravo et merci, Anne pour ce partage qui devrait réjouir un Loup de nos connaissances et tout lecteur qui sait qu’il est de la poésie en la prose.