Rencontre avec une fée – Régina Augusto

RENCONTRE AVEC UNE FEE

 Ce petit peuple, qui a tant fait parler de lui, depuis de nombreux siècles ! Légendes ? Pourquoi pas ? un mythe de plus ! cependant les Mythes comme les légendes s’appuient  sur un fond de vérité. Alors, qu’était donc le “petit peuple” laissez-moi vous dire ma version du mythe. Mon imagination, très à l’aise dans cet exercice, palliera aux manques d’informations sur ces êtres si mystérieux.

 Ma vision est celle d’une petite fille de neuf ans et demi, (moi) qui était sure d’avoir vu une fée dans le petit bois, derrière chez elle. J’avais certes beaucoup d’imagination, (déjà) mais je gardais pourtant les pieds sur terre. Cette petite fée, minuscule, pas plus grande qu’un nouveau né, mais avec le corps et les atouts d’une jeune femme d’une grande beauté, voletait au dessus d’un bosquet d’aubépines. Ses petites ailes délicates d’une transparence irisée battaient à un rythme rapide. Je m’étais figée sous la surprise et l’émerveillement. Une fée, de cela j’étais certaine. Je restais là, silencieuse, à suivre des yeux les circonvolutions de la petite créature qui semblait ignorer ma présence. Du moins le croyais-je. Je fis un bond en arrière quand d’un brusque mouvement d’ailes elle vint s’immobiliser devant mes yeux ébahis. Son regard d’un bleu-violet étonnamment brillant, se planta dans le mien, m’imposant presque la sensation que mon esprit était pénétré par elle. Tout aussitôt, un doux vent parfumé effleura mon visage et une petite voix me parla dans ma tète. Ce n’était pas vraiment des mots, mais je saisis ce qu’elle voulait me faire savoir. Il semble qu’elle était tout aussi étonnée de me voir que moi je l’étais de la voir. Elle m’observait, penchant sa jolie tète sur la droite puis sur la gauche, comme l’aurait fait un chat intrigué par quelque chose qui lui serait inconnu. Et d’un coup je fus surprise par un rire, en cascade, tel un tintement de clochette des plus harmonieux, ma petite fée riait ; de moi peut être ; qu’importe  j’étais conquise. J’aurais voulu lui parler, mais je ne sais pourquoi, je craignais de la blesser. je décidais de faire comme elle, et je pensais très fort, la phrase que je voulais lui adresser. Question simple d’ailleurs, évidente aussi, elle se résumait en deux parties. Etait-elle réelle et était-elle ce que nous appelons une fée ? La réponse qu’elle me fit changea à jamais ma façon de voir ce que le monde désigne par ces mots : , impossible, balivernes, monstres, conte de … mais oui de fée !  C’est un fait…

 Sa réponse fut un geste de sa petite main, qu’elle fit glisser horizontalement au dessus du bosquet. le bosquet disparut , laissant la place à une élévation de terre moussue où trônait en son milieu une large pierre plate, sur laquelle s’affairaient une trentaine de petites créatures de l’espèce de ma nouvelle amie. Les males portaient pantalons bouffants et gilets de tissu fin sans manches, leurs cheveux retombant sur leurs épaules. Les femmes en robes courtes de tissus vaporeux, pieds nus, leurs longues chevelures voletant au gré de leurs évolutions aériennes. Le front ceint d’une couronne de fleurs fraiches tressées. Tout cela dans des couleurs chatoyantes, sur le blanc crémeux de la pierre plate. Un doux bourdonnement se faisait entendre accompagné du son de tambourins de flutes de pan, et de ce que je crois être (aujourd’hui) le son d’une harpe. cet étonnant ensemble musical avait quelque chose d’envoutant; nostalgique et gai à la fois.

 Je fus très vite happée par le mouvement, l’accueil chaleureux et trépidant de la petite troupe. Je me souviens avoir quitté mes sandales (nous étions en été) et avoir dansé avec eux, les fées (les males) venaient voler tout près de moi, à hauteur de ma tète , ils attrapaient des mèches de mes cheveux et suivant mes pas de danse, ils voletaient de concert pour me faire une auréole, de  mes cheveux noirs. Puis un son strident se fit entendre qui rompit net le charme du moment. Tous s’étaient figés ! Une Fée, belle femme d’un Age certain, vola jusqu’à moi et me fit savoir. Que ma place n’était pas parmi eux, je devais retourner auprès des miens. Il émanait quelque chose d’hautain de cette Fée. Bien malgré moi je lui répondis, avec toute la force de ma pensée. Je lui fis savoir que je savais qu’elle était leur Reine. J’ajoutais que les miens, étaient ceux que je choisissais d’aimer. D’un mouvement de tète je désignais le groupe qui attendait, immobile sur le tertre de pierre, et lui dis ; sans mots ; que j’aimais ces gens, j’aimais ce lieu et donc j’étais avec les miens. Le regard doré de la Reine des Fées s’alluma d’un éclat de colère, je ne pus m’empêcher de rire car, si je ne la craignais pas ( dans mon inconscience de petite fille ) j’étais sensible à la beauté. La colère de la petite Reine la rendait infiniment belle. Je le lui fis savoir. A mon grand étonnement elle éclata d’un rire cristallin, qui me ravit définitivement. J’aurais tout fait pour les suivre et vivre à leur coté ! Mais la Reine lisait dans mon cœur tout aussi facilement que je lis dans un livre ouvert. Elle eut un doux sourire et vint se poser sur mon épaule, à ma grande surprise elle avait diminué sa taille jusqu’à n’être pas plus grande qu’un gros papillon. D’une voix fluette elle me parla, enfin ! ( J’appris plus tard, car je les rencontrais à plusieurs reprises, qu’une Fée était une créature farouche, qui ne faisait entendre sa voix aux pauvres mortels que nous somment, qu’à de très rares occasions. Il était nécessaire pour cela, de lui inspirer une confiance exceptionnelle ) La Reine me dit ces mots :

 “-Petite fille des Hommes, tu es papillon, au cœur fier et fort, tu devras toujours te battre contre l’adversité, mais tu en sortiras plus forte. Ton âme trempée à la source de la vie et de l’amour de tout ce qui vit, attirera une douce muse qui t’inspirera chaque jour. Après une caresse de ses ailes roses et dorées, la Reine des Fées posa sa minuscule main sur mes lèvres puis s’envola. Sur un autre son strident sortit de la bouche de la Reine, tout ce petit monde s’égailla dans une envolée froufroutante et disparue à mon regard. Je perçu pourtant l’esprit de mon amie du début de l’aventure. Elle me confiait ce qui devait rester secret. Son nom ! Ce jour là je rentrais chez moi, changée à jamais. 

REGINA  AUGUSTO

Ondine tu es là

 

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3 Commentaires
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Marianne Dessaux
Membre
13 juin 2017 23 h 19 min

très joli conte merci de ce partage

Alain Minod
Membre
2 avril 2016 3 h 30 min

On se laisse volontiers porter par la magie du récit et on croirait même que ces fées contribuent à donner grâce, amitié et amour à tous les gens d’une belle humanité ; on pénètre dans leur monde pour changer le nôtre si guerrier et vindicatif, lourd et sans tendresse . J’aime beaucoup le style léger ( au bon sens du terme) de cette nouvelle où tout s’enchaîne comme dans les contes d’Alice au pays des merveilles , avec une grande logique et un bon sens dans l’imaginaire !! Merci beaucoup Régina Augusto !

O Delloly
Membre
31 mars 2016 0 h 10 min

c’est très beau ! Tu serais papillon, je t’imagine en jolie Vanessa Atalanta, ou Vulcaine ; une paillonnne qui se pose sur les épaules des gens aimant la beauté de l’univers et sa douceur ! (sinon, les 2ème et 4ème paragraphe, ne pourrais-tu pas y marquer un retour de ligne pour que sa lecture soit encore plus délicieuse ; c’est une nouvelle, tout doit se carresser!
Merci
Oli