J’ai pris la terre pour une oasis
mais il n’y avait plus rien à boire
qu’une boue fougueuse nappée de poison!
Puis le fleuve a noyé mes souvenirs!
J’ai pris la terre pour un verger
mais il n’y avait plus rien à croquer
que des fruits amers et desséchés
dans un limon tout stérile!
J’ai pris la terre pour un jardin
mais il n’y avait plus de femmes à aimer,
comme dans les larmes d’un orphelin
je vis la peur sur une rose flétrie!
J’ai pris les ailes d’un oiseau
pour voler vers d’autres cieux
mais l’oiseau ne s’est pas envolé
il ne savait plus où s’élever!
J’ai voulu changer le désert en eau
assis sur un banc, j’attendais un miracle
mais il n’y avait plus de Dieu à prier
pour guider mes mains maladroites!
J’ai appelé l’amour sur ma lyre
nul ne m’a répondu, tout était muet!
aucun poète m’offrit son génie
pour m’entraîner vers des paradis lointains!
La nuit est pauvre quand le rêve s’exile.
J’ avais éteint la flamme qui brûlait peu.
J’ai pris la terre pour une oasis
mais il n’y avait plus rien à boire
et la soif m’a vaincu!
Et la faim, et l’amour et la foi
et l’oiseau, et le présent, et le futur..
J’ ai pris la barque
mais il n’y avait plus de rames
pour échapper au châtiment!
J ‘ai pris ma colère
elle est tombée en poussière
pour me punir
de l’avoir tant maudit!
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©G Cambon