Sur notre chantier,
Ils étaient vingt ou plus,
Il fallait charrier
Du ciment, de l’humus.
Je plantais mon jardin,
Bien avant la maison
Chacun allait bon train,
Pour savoir la raison.
Des gosses étaient là,
De partout s’affairant,
M’inquiétant déjà,
Et s’ils étaient souffrants ?
Ils posaient des débris
De gros carrelage,
Ils faisaient peu de bruit,
Comme ils étaient sages !
Tout en fin de journée,
J’appelais ces enfants,
Venant à la volée,
Je leur donnais des francs.
“L‘école ?” disais-je,
“Il fallait de l’argent,
Où le trouverais-je,
On pense à nos parents !”
Je voyais ces gosses,
Sept ans, le plus petit,
Au front une bosse,
Le plus grand, dégourdi,
Comme un petit homme,
Qui déchiffre les plans,
Et qui bien raisonne,
N’a pas plus de dix ans !
Je les suivais de l’oeil,
Ces gamins courageux,
Afin qu’aucun écueil,
Rien, ne soit dangereux.
En les récompensant,
J’ai vu briller leurs yeux,
Ils étaient si touchants,
Mes jours furent heureux.
Il avait été dit
De faire une pause,
Matin, après-midi,
Pourtant ici, j’ose …
Pause s’éternisant
Pour certains en sommeil,
A mon goût, trop souvent !
Dur était le réveil.
Nous buvions du thé,
Chacun prenant son tour,
Un réchaud emprunté,
Et l’air semblait moins lourd.
La maison s’élevait,
A chaque palier,
Un bon repas devait
Se partager, lier,
Les uns et les autres,
En évitant conflits,
Envie, entre-autres,
Ainsi tous à l’abri.
Le chauffeur de taxi,
Des complètes journées
Restait, ici, assis,
Au lieu de sa tournée.
“Que fais-tu ? Travaille !”
“Non j’attends les courses !”
Et pendant qu’il baille,
Il montre sa bourse.
Il est assez payé,
Pense-t’il sûrement,
Mais il a oublié
Le futur durement.
Enfin tout se passe
En phase bonhomie,
Si je me tracasse,
Je n’ai pas d’insomnie !
La maison, fière,
Domine alentours,
Ils font leurs prières
Quatre ou cinq fois par jour.
Mon jardin devient beau,
On a fermé le mur,
Je trouve mon tempo,
L’océan murmure …
©Simone Gibert
Encore Merci, Christian !
Plein de nostalgie et d’amour pour ses instants passés loin de nos latitudes.
plein de tendresse.
Anne