Au dormant de ce fleuve, il me souvient
D’un pays où plus jamais je ne viens,
Toute la poussière de mes rêves
Anciens, las, y collent à ma peau,
Elle donne à ce lieu toute sa sève.
Ce matin j’y porte mes pas, crapaud,
Pour y passer quelques minutes brèves,
Les souvenirs soudés aux souliers,
Pour ôter quelques grains au sablier.
On trouve là un village écrasé
De chaleur, des jalousies à croisées
Et des persiennes, paupières
Mi-closes sur des façades chaulées,
Comme si dans la fournaise, pierres
Et longs murs s’étaient fondus, enrôlés
De concert pour, l’âme pure et fière,
La repousser au ciel toujours bleu,
D’un bleu brûlant, azur miraculeux.
Des éclats d’ombre, en grains de grenat,
Tiédissent l’éclat tout incarnat
Des géraniums tombants qui sommeillent
Dans des patios faits pour héberger
Des grenadiers aux verts qui réveillent,
Des orangers arrangés en rangées
Dessous des draps tendus, dessous des treilles
De vigne aux grappes pendues et charnues
Appelant la main de qui est venu.
Dans des rues tout aveuglées de clarté,
Des fontaines attiédies où, bonté
Divine, le reflet des fleurs invite
Pensers et songes à arrêter le temps.
Des vieux obséquieux cueillent vite,
Des feuilles à l’agonie depuis longtemps
Une femme affligée, forme en fuite,
Blessée, passe et refuse d’être vue
Lassée d’espérances, mise au rebut,…
Le fil du temps passé au chas, ici,
Des aiguilles d’horloge en sursis
Ne cousent que des repos, des silences,
Au pas d’un sombre curé marmonnant,
De grenouilles en deuil au cuir rance,
Bigotes marmottant et sermonnant.
Pourtant partout il n’est, sans éloquence,
Que portes ouvertes et clefs au clou
Et au cou du clou quelques poils de loup.
Le vent furtif, en scie se fait soupir.
Nul ne va, d’un pas hâtif, se tapir
Dans le grand secret de sa chaumière,
Au calme frais de son passé, muet
Sur l’avenir : les us coutumières
Veulent parole rare et mot fluet
Lapés à des lampées de lumière.
M’endormant près du fleuve, il me revient
Ce pays d’où mon nom, dit-on, vient…
© Christian Satgé – septembre 2016
Un sublime écrit
Un paysage que j’imagine pas si sage
Au senteurs uniques que seul un doux vent caresse
Que votre belle plume nous conte avec adresse
C’est un grand plaisir de vous lire à chaque passage
Douce soirée bises amitiés
Béa
Magnifique écrit, vous devriez œuvrer plus souvent dans ce sens
c’est magnifique vraiment. Quelle est ce lieu? si je peux me permettre.
On y retrouve certaines choses qu’on a vu ailleurs .
Bravo Christian on en redemande..
Anne
Vos mots ont les odeurs des époques passées, on pourrait y trouver souvenirs, poussières et eaux de lavande des anciens….pourtant dérangées par un petit vent, des senteurs d’actualité en souvenir de votre présence ont été ravivées.Merci
Que c’est beau et si agréable à lire. Merci et bravo Christian!
J’adore ce texte.
Juste magnifique, merci Christian, vous m’avez fait voyager, c’est très beau.