XLVII – Paulette dite Tata Popo : Un coeur, des toutous et des filleul(e)s
Comme annoncé, je vais vous parler de Paulette dite tata Popo du coté du coeur. Elle était également ma marraine et cela lui importait tellement que mon oncle m’appelait son gamin et que tata Popo s’habitua à adopter ce vocable. Mais je n’étais pas son seul filleul. D‘ailleurs, cela me permit de connaître l’histoire de chacun d’eux. Bien sûr il y avait ma « cousine » Babeth, fille du plus jeune frère de mon grand-père maternel, Viviane fille de sa cousine Ginette, mais aussi Christian le fils de sa propre marraine. Le plus jeune pilote de formule 1 (à 14 ans) et d’avion (à 16 ans). Sur les photos retrouvées dans ses archives, j’en ai découvert d’autres comme un bébé nommé Dominique dont je n’avais jamais entendu parler. Elle regrettait tellement de ne pouvoir avoir d’enfant avec Claude son mari qu’elle vivait la maternité par procuration. Mon père la choisit comme mannequin pour le lancement de la Caravelle et lui mit sur les bras un poupon en celluloïd. Par ailleurs, elle parlait sans cesse de ses filleul(e)s. Elle aimait aussi tenir dans bras les enfants des amis. Et comme elle n’en manquait pas, elle avait souvent un bébé dans les bras sur les photos de son catalogue.
Son autre compensation était la présence permanente d’un chien à ses côtés, pour Ysar, puis sur ses genoux (Whisky 1 et 2 noirs, Whisky 3 couleur Whisky, et Obi). Pour être certaine d’avoir toujours son toutou « sur elle » elle avait choisi des caniches nains, le dernier étant croisé avec un Yorkshire. Un nouveau nom lui assurait qu’il ne serait jamais remplacé car Tata Popo avait à coeur de ne pas laisser d’orphelin, comme elle disait.
Quand elle monta son magasin Réception Services, elle mena sa vie comme une valse de Strauss, plus précisément aimer, boire et chanter. Elle était de toutes les fêtes, de tous les déguisements, et participait tous les ans aux fêtes du postillon à Longjumeau, dans un quartier remis au goût et aux couleurs de la belle époque. Il était recommandé de venir en costume adéquat. Elle s’y était fait de nouveaux amis parmi les commerçants et les associations, dont celle des majorettes hommes. Elle organisait elle-même une fête annuelle comptant une centaine d’invités dans une salle louée à la municipalité ou à une paroisse. Son ami Daniel, le traiteur, était toujours présent avec des dizaines de mètres de tables copieusement achalandées, avec la musique de Frédo la Frédouille et de son orgue de barbarie et de son accordéon. Je pouvais y inviter tous mes amis. Tata Popo menait souvent la danse au sens propre comme au sens figuré, lançant des chenilles et des danses des canards entre chaque plat. On se régalait, on buvait, on riait, on chantait, on dansait, tous déguisés, avec le thème qu’elle avait choisi. Toute tata Popo se résumait en ces rencontres festives : la générosité dans la liesse. Une fois arrivée en Vendée, elle n’attendit pas la première fête des voisins pour organiser chez elle la fête de sa rue, puis celle du quartier. Elle y invitait tout un orchestre belle-époque et faisait appel au traiteur local. Elle restait une célébrité incontournable partout où elle déménagea. Pour ses anniversaires, elle fut obligée de limiter le nombre des invités venant de Vendée et d’Antony. Elle y dansa et chanta jusqu’à ses 93 ans. Pour le Vendée globe, elle composa sa version de Partons la mer et belle et FR3 Vendée lui proposa de venir la chanter sur leur plateau de télévision, offre que tata Popo déclina par pure modestie. Il faut dire que se rendre présentable lui prenait un temps fou : maquillage, habillage, essai des foulards et de chapeaux etc. Donc sortir le soir ne l’attirait plus trop car il lui aurait fallu tout remettre en état, tout rajeunir, donc pas de plateau de télévision pour elle. Par contre, elle chanta devant ma caméra l’intégrale de Tino Rossi, quelques titres de Bourvil, la prière péruvienne et des centaines de chansons de la belle époque. Quand on arrivait chez elle, elle nous accueillait en musique avec son disque du jour. Mais son grand succès demeura la version traditionnelle de Partons la mer est belle qu’elle interpréta lors de la visite de sa filleule Viviane et que je vous propose de découvrir avant d’aborder le chapitre de son rêve amoureux.
Amour, joie de vivre, générosité : l’adorable tata Popo possédait ces qualités en grande quantité!