Parfois le poète n’est pas là pour parler du beau temps
Ni des chants des oiseaux dans le champ du printemps
Ni crier « je t’aime » tant infiniment longtemps
Ni avouer qu’il est malheureux triste ou content
Mais il voudrait bien ouvrir les yeux
Sur le cruel sur l’ennuyeux
Sur aussi ce qui est si merveilleux
Parfois le poète ne joue pas le juge pour dire qui a tort et qui a raison
Ni pour dénoncer qui a rempli tant de verres de venin de poison
Ni pour certifier que le fameux hiver demeure la plus belle saison
Ni pour autoriser la construction des jardins et des maisons
Mais pour réveiller des cœurs qui dorment dans les tombeaux
Allumer la flamme de l’amour et porter son flambeau
Crier que c’est le sentiment majestueux qui rend tout si beau
Le poète ne se prend pas pour un grand magicien
Qui trouvera du pain à ceux qui ont faim au quotidien
Qui apportera des vêtements à ceux qui ont froid qui n’ont rien
Qui ramènera les êtres perdus en trouvant leurs lieux et liens
Mais il persévère à toujours jeter ses grains
Sans donner importance à la qualité du terrain
Espérant les voir germer fleurir donner fruits demain
Dans plusieurs cœurs terriens humains