Parce qu’il le vaut bien – Anne Cailloux

Il s’efface pour ne pas déranger

pour ne pas être remarqué

pour ne pas être moqué.

La rue est sa seule amie

depuis.. depuis si longtemps qu’il ne sait plus

Un ROM, mais pas comme les autres, comme aucun autre.

 

Il dort sur l’esplanade d’un Monoprix

couché sur une barrière de travaux

pour l’isoler du froid.

Hiver comme été, sa CHAMBRE est toujours propre

aucun papier ne traîne par terre

aucune bouteille d’alcool ne vient perturber ses états d’âmes

on peut-être à la rue et avoir sa dignité.

 

Le matin, je le regarde, il ne me voit pas

je suis dans l’immeuble dans face

Il emballe son drap au carré, comme un militaire

aucun pli ne lui résiste, puis il range ses affaires

il se coiffe, s’habille, car oui messieurs dames

il met un pyjama pour dormir, le paradoxe,

qui, pour son mental n’est pas dérisoire.

 

A son départ, il ne restera aucune empreinte de son passage.

Il part ensuite se laver au lavabo d’un café qui accepte son passage

Geste immuable depuis si longtemps

Il ne fréquente pas les lieux ou se retrouvent les autres comme lui

il sait, il dit : les bagarres les vols, les soûlographies, la came.. A ce prix là, il préfère la solitude.

Ses frères, les autres, lui on volé son téléphone portable, il a honte de ses congénères.. 

Le voisin d’à coté lui offert un peu d’argent pour prendre un téléphone à carte. Du jamais vu sur un morceau de trottoir, il refuse l’argent donné,il dit que de toutes façons il n’a plus personne à appeler. Il n’accepte que les paroles. Il dit qu’il connaît les coins ou les poubelles sont bonnes mais il n’est pas le seul, chacun à son tour.

 

Quand il fait beau il retrouve plus loin des gens qui jouent aux échecs.

Je le croise quelques fois, je le regarde discrètement. Souvent quand je vois des jeunes passer, je regarde, car il cache toutes ses affaires derrière la barrière de travaux, qui laisse contre un mur. Je n’aimerai pas qu’on lui vole le peu qu’il a.

J’aimerai l’aider, mais comment, sans le vexer..

Il mérite le respect plus que certains qui ne sont pas à la rue.

Je vais trouver les mots pour qu’il accepte quelque chose…

parce qu’il n’est pas comme les autres..

 

© Anne Cailloux

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (335)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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Hubert-Tadéo Félizé
Membre
23 octobre 2018 7 h 49 min

Drame de la condition inhumaine où l’humain n’est plus à sa place et le regard des autres dérangent plus qu’ils n’arrangent, la compassion, l’humanité n’est plus de mise dans nos sociétés de nos jours, et on le regrette fortement. Il suffit de faire quelques pas pour discuter et apporter un peu de réconfort à celui qui est désœuvré. Merci de ne pas les oublier.

Christian Satgé
Membre
23 octobre 2018 6 h 07 min

Un texte qui n’est pas les autres et qui évoque si bien un des drames de notre société de pays riche qui laisse des gens souffrir d manque(s), lesquels ne sont pas que d’argent… Merci et bravo Anne vous avez tout dit et si bien dit.