Il s’efface pour ne pas déranger
pour ne pas être remarqué
pour ne pas être moqué.
La rue est sa seule amie
depuis.. depuis si longtemps qu’il ne sait plus
Un ROM, mais pas comme les autres, comme aucun autre.
Il dort sur l’esplanade d’un Monoprix
couché sur une barrière de travaux
pour l’isoler du froid.
Hiver comme été, sa CHAMBRE est toujours propre
aucun papier ne traîne par terre
aucune bouteille d’alcool ne vient perturber ses états d’âmes
on peut-être à la rue et avoir sa dignité.
Le matin, je le regarde, il ne me voit pas
je suis dans l’immeuble dans face
Il emballe son drap au carré, comme un militaire
aucun pli ne lui résiste, puis il range ses affaires
il se coiffe, s’habille, car oui messieurs dames
il met un pyjama pour dormir, le paradoxe,
qui, pour son mental n’est pas dérisoire.
A son départ, il ne restera aucune empreinte de son passage.
Il part ensuite se laver au lavabo d’un café qui accepte son passage
Geste immuable depuis si longtemps
Il ne fréquente pas les lieux ou se retrouvent les autres comme lui
il sait, il dit : les bagarres les vols, les soûlographies, la came.. A ce prix là, il préfère la solitude.
Ses frères, les autres, lui on volé son téléphone portable, il a honte de ses congénères..
Le voisin d’à coté lui offert un peu d’argent pour prendre un téléphone à carte. Du jamais vu sur un morceau de trottoir, il refuse l’argent donné,il dit que de toutes façons il n’a plus personne à appeler. Il n’accepte que les paroles. Il dit qu’il connaît les coins ou les poubelles sont bonnes mais il n’est pas le seul, chacun à son tour.
Quand il fait beau il retrouve plus loin des gens qui jouent aux échecs.
Je le croise quelques fois, je le regarde discrètement. Souvent quand je vois des jeunes passer, je regarde, car il cache toutes ses affaires derrière la barrière de travaux, qui laisse contre un mur. Je n’aimerai pas qu’on lui vole le peu qu’il a.
J’aimerai l’aider, mais comment, sans le vexer..
Il mérite le respect plus que certains qui ne sont pas à la rue.
Je vais trouver les mots pour qu’il accepte quelque chose…
parce qu’il n’est pas comme les autres..
© Anne Cailloux
Drame de la condition inhumaine où l’humain n’est plus à sa place et le regard des autres dérangent plus qu’ils n’arrangent, la compassion, l’humanité n’est plus de mise dans nos sociétés de nos jours, et on le regrette fortement. Il suffit de faire quelques pas pour discuter et apporter un peu de réconfort à celui qui est désœuvré. Merci de ne pas les oublier.
Un texte qui n’est pas les autres et qui évoque si bien un des drames de notre société de pays riche qui laisse des gens souffrir d manque(s), lesquels ne sont pas que d’argent… Merci et bravo Anne vous avez tout dit et si bien dit.