Panissières, promenade d’enfants – Simone Gibert

A cinq ou six enfants,

Souvent par les sentiers,

En partant triomphants

Nos galoches aux pieds,

 

Liberté en tête,

On foule les chemins,

Les petits s’arrêtent,

Se tenant par la main,

 

Une toile perlée,

Devant le buisson,

“Regardez l’araignée

Qui a fait sa maison !”

 

Le moindre papillon,

Une bête à bon Dieu,

Même un frêle grillon

Font détourner les yeux.

 

“Dépêchons, les gosses !”,

Ils arrivent essoufflés,

Attention aux cabosses,

Un genou couronné !

 

Les enfants s’attroupent,

Sang et larmes séchés,

Reformant le groupe,

Il n’est plus de blessé.

 

Sac en bandoulière,

Les petits leur panier,

Prenant la coursière

La pente dévalée :

 

C‘est le bois de Chambost,

Après les peupliers

Qui à flanc de coteau

Forme un bouclier,

 

D‘un touffu vert sombre,

Des milliers de sapins

Projettent leur ombre

Sur le grand pré voisin.

 

Géantes fougères,

Parfum de champignons,

Timides bruyères,

Aiguilles à foison

 

Aux écorces mêlées

Crépitent sous nos pas,

Les petits sont noyés

Dans les herbes la-bas.

 

Réchauffée de soleil,

Une clairière,

Un envol d’abeilles,

Aventurières.

Les oiseaux débusqués

Poussent des cris stridents,

Nos gouters sont croqués

A pleines et belles dents.

 

Nos enfantines voix

Prennent un son nouveau,

Résonnant dans le bois,

Elles effrayent les oiseaux.

 

L‘écorce rugueuse,

Au silex entaillée,

La sève gommeuse

Est de couleur ambrée :

 

“De la pâte à mâcher!”

Que d’imagination !

Les boulettes formées

Complètent l’illusion.

 

Traînant un peu les pieds,

Il nous faut refaire,

La journée achevée,

Le chemin à l’envers.

 

“Vous voilà attifées !

Taches sur vos poches,

Barbouillées, dépeignées,

Boue sur vos galoches !”.

 

Paniers et tabliers

Contiennent nos butins,

Il ne faut le nier,

Le pardon est certain :

 

Et nous déversons là,

Sur la toile cirée,

Carrés de chocolat

Reliefs de nos gouters,

 

Champignons et “belines”,

Lichen dentelé,

Bloc de mousse fine,

Et des mûres … écrasées !

 

Mais ce qui me ravit,

Est d’offrir mon trésor,

Un bouquet d’ancolies

Mêlées de feuilles d’or.

 

©s Gibert

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1 Commentaire
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Anne Cailloux
Membre
7 novembre 2018 21 h 46 min

Sourire… ça sent le vécu, ça me rappelle tellement de chose
Vraiment bien écrit
j’adore
Anne