Monsieur Bouleau, la Sentinelle – Alain Salvador

Que se passe-t-il ce matin ? Ses volets ne sont pas ouverts, peut-être une panne d’oreiller ? Une petite flemme ? Ou simplement une mauvaise nuit ?

Au levé du jour, le froid et la bise m’ont réveillé, je frissonne dans ma légère chemise blanche un peu déchirée; ne soyez pas choqué, je suis presque tout nu !

Mes voisins sont plus chanceux que moi, ils dorment tous les trois enroulés dans leurs houppelandes vertes, quoiqu’à la belle saison ils doivent avoir chaud! Certains d’entre eux hébergent des colonisatrices, bien protégées dans leur cocon.

Attendez ! Je me suis laissé distraire, avant de m’inquiéter je vais attendre quelques minutes; j’ai remarqué qu’elle était assez ponctuelle pour sortir sa petite chose blanche, que vous appelez un chien, vous savez ces sans gêne qui lèvent la patte pour se soulager sur mon unique jambe? Quel manque de respect !

Ah, les voici, tout va bien, elles marchent d’un bon pas, je suis rassuré.

Il faut que je vous dise qu’elles et moi nous sommes voisins depuis cinq années. Au début il y avait une autre personne, mais très vite je ne l’ai plus vue.

Je vois tout ce qui se passe dans ces petites cases vitrées, c’est comique ces damiers verticaux, alors j’observe; cependant je reste discret, je tourne la tête, je m’incline, je regarde ailleurs; ça n’a pas l’air de la déranger.

Elle est maligne, si j’insiste trop, elle baisse le pare-soleil et hop rideau !

J’aime moins ce que je vois en me tournant de l’autre côté ! C’est très bruyant, pas très propre et ça sent pas bon ! Évidemment, vous avez compris que je parle des automobiles circulant sur l’avenue. Pour moi elles ne représentent aucun danger puisque je ne traverse jamais la rue.

Je m’ennuie très peu, l’hiver est tout de même long . Lorsque le  printemps arrivera et que les jours seront plus longs  je m’habillerai , j’aurai un costume vert tendre qui fera pâlir de jalousie les élégantes de mon quartier.

Je ne me plains pas, pour autant ma vie n’est pas drôle tous les jours, il m’arrive d’avoir très soif, c’est avec patience que j’attends Dame pluie quand elle se fait désirer à la façon d’une belle capricieuse. Parfois mon amie me regarde tristement en scrutant le ciel, lorsqu’elle donne à boire aux fleurs de son balcon. Elle les dorlote comme de précieux bibelots, et je me demande si elle ne leur parle pas ? Je sens bien qu’elle aimerait me désaltérer, épousseter la poussière collée sur mes ramures, regrettant de ne rien pouvoir faire pour moi.

La journée est terminée, à la façon d’un gardien elle fait une dernière fois le tour du pâté de maisons, toujours accompagnée de la petite chose à quatre pattes, bien élevée ma foi, elle n’urine pas sur mon pied. Les lumières s’éteignent une à une, bonsoir ma voisine, à demain !

Texte de Madame Claude B.

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Alain Salvador

Alain Salvador (387)

Je suis né en 1956, et ai toujours eu le goût pour l’écriture.
Cependant je n’ai fait aucunes études , ni de lettres ou autre chose de bien gratifiant.
Je n’ai qu’un CAP de mécanique en poche et ma vie passée en usine , ma famille avec mes trois enfants, font que depuis ma retraite, j’ai repris du temps pour me consacrer aux mots.
On pourrait dire de moi que je suis plutôt un autodidacte.
Les quelques personnes à qui je fais lire mes textes me disent que j’ai une facilité d’écriture.
A ceux-là je leur réponds: ”ce n’est pas toujours aussi facile qu’il y paraît… ” Et pour l’orthographe, et bien je révise les règles…Il n’est jamais trop tard si l’on veut entreprendre quelque chose dans sa vie.

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2 Commentaires
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Colette Guinard
Membre
7 janvier 2021 17 h 51 min

des moments de vie de cette dame sont une évasion agréable, heureuse de vous savoir intéressé sur ces écrits, elle ne peut que vous remercier