Mémoires, pages 31 à 32 / 311, par Dominique Capo

L’enfant que j’étais a été terriblement frustré. Il était exceptionnel que je ne revienne sans rien chez nous. Cela peux ressembler à un caprice de gamin. C’en était effectivement un ; je ne le nie pas. Mais en rédigeant cette Chronique, mon intention est de montrer la réalité telle que je la vivais tout le long de ces événements fondateurs. Il y a eu des instants dont je suis fier ; il y en a dont je suis moins fier ; il y en a dont je ne le suis pas du tout. Qui peux se targuer d’avoir eu une existence sans tâche ? Celui qui l’affirme est non seulement un menteur, mais un orgueilleux irrécupérable.

C’est donc dépité, la mine défaite que je m’en suis éloigné et que je me suis dirigé vers la travée suivante. En effet, je n’ai pas besoin de m’appesantir sur la manière dont sont organisées les grandes surfaces. Mais en général, quelle que soit la région de France, elles sont disposées à peu près de façon semblable. Ce qui est de l’ordre de l’alimentaire s’étend sur la plus grande partie du magasin. Ce qui est de l’ordre du ménager est dans son prolongement. Ce qui est de l’ordre du divertissement – jouet, jeux, etc – est généralement séparé des précédents segments de celui-ci par une immense allée centrale qui le coupe en deux. Il y est rattaché à ce qui est aujourd’hui lié aux DVD, aux Blu-ray, aux CD musicaux, à l’informatique – ordinateurs, consoles, logiciels et jeux vidéos – et qui, au tournant des années quatre-vingts, ne touchait que les cassettes audio ou vidéo, ou les Vinyles. Et, enfin, se discernaient – se discernent – les rayonnages de livres ou de Bandes dessinées.

Je n’étais pas friand de musique. Je n’y entendais rien. Lorsqu’un groupe ou un chanteur sortait un album, je ne me sentais pas concerné. A la radio, je ne connaissais ni le nom de la chanson qui y était diffusée, ni son auteur, ni si elle avait du succès ou pas. Parfois, certains morceaux m’enchantaient. Mais je les oubliais très vite. Contre le mur, sur ma table de chevet, je détenais bien un radio-cassette assez volumineux dont je ne me servais que très rarement. Si j’avais cinq ou six cassettes audio, c’était le maximum. Je n’étais le détenteur d’aucun disque. Ce n’est qu’à partir des années 1987 – 1989 que j’allais me retrouver propulsé dans cet univers par l’intermédiaire de l’un de mes meilleurs amis – l’un des seuls véritables aussi – de cette période. Quant aux cassettes vidéos, il était rare que nous en achetions. Déjà parce que c’était alors relativement cher pour ceux et celles qui en ont été témoins. Puis, parce que mon père enregistrait beaucoup de films qui étaient projetés à la télévision. Encore, parce que, étant donné mon jeune age, je n’avais pas l’autorisation de m’en payer. Mon argent de poche n’y aurait d’ailleurs pas suffit. Qui plus est, les seules que j’avais le droit de toucher dépendaient de la vidéothèque murale de mon père dans le couloir du bas de notre habitation. Et enfin, parce que mon père s’en procurait gratuitement par son réseau de pirates cinéphiles qui les lui copiait avant qu’elles ne soient accessibles à la vente. Je me remémore, entre autres, avoir vu « le Retour du Jedi » en version originale sur son magnétoscope, tandis qu’il venait tout juste de sortir au cinéma !

A suivre…

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