Ma France – Daniel Marcellin-Gros

Ma France

Je voudrais chaque jour partir à l’aventure,

Sur cette terre sublime qu’ont foulée mes aïeux,

Y laisser non empreinte comme une signature

Qui se moquerait même de la colère des Dieux!

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Tout comme un chemineau qui rôde en haillons

Je pourrais admirer des paysages charmants,

Sur des chemins de rêve côtoyant des sillons

Que de puissants chevaux ont tracé vaillamment!

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Le vert cru des prairies et l’ocre de la terre,

Tranchent sur l’or des blés hérissés par le vent,

Et tout paraît si pur! rien ne semble délétère,

Et dans les nues sans tâches volent des engoulevents!

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Les ruisseaux les rivières, déroulent leur ruban,

Et se tordent telle pensée aux sinueux méandres,

Tandis que les grands fleuves sont fiers comme Artaban

Et brillent comme un glaive fin prêt à vous pourfendre!

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Oh ma France que j’aime d’un amour indicible!

Tu changes de couleurs à toutes les saisons,

Au printemps tu nous pares d’une joie transmissible,

Et tes fleurs vaporisent de douces exhalaisons!

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Puis l’été torréfiant nous ôte la chemise

Et décime les blés aux blondeurs provocantes,

Mais pour donner du pain, il faut cette entreprise,

La main du boulanger en sera très contente!

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L’automne à douce haleine arrive lentement,

Arlequin accoutré de tenues flamboyantes!

Des perles de rosée viennent orner froidement,

Des roses semblant pleurer leur dépouille imminente!

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Tandis que l’on entend le son plaintif d’un cor,

La meute enragée lance de furieux abois,

Pourchassant sans répit un superbe dix cors,

Qui cherche éperdument l’abri trompeur des bois!

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La bête va périr dans des nappes de sang,

Sans avoir pu combattre les arrogants chasseurs,

Et les chiens hurleront montrant leurs crocs puissants,

Chant ultime qu’entendra la bête qui se meure!

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Le vent du nord bientôt s’en prendra aux feuillus,

Qu’il décapitera de sa lame acérée,

Epargnant les buissons aux épines ardues,

Abritant les oiseaux frileux et effarés!

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Puis la neige viendra: “semeuse de misère”

Recouvrir la campagne, les monts et les forêts,

Jetant de mauvais sorts à quelques pauvres hères

Qui vivent dans la rue froide comme un couperet!

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La France c’est aussi la terre des droits de l’homme,

Que certains on voulu écraser de leurs bottes,

Par des guerres mondiales portées à leur summum!

Mais qui fut libérée par d’ardents patriotes!

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Les conflits de quatorze furent des plus terribles,

Nos gars mal préparés subirent de lourdes pertes,

Car la tenue garance les transformait en cibles,

Et nos braves pioupious mouraient la bouche ouverte!

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Puis la guerre s’enlisa dans des tranchées boueuses,

Creusées hâtivement sous le feu des canons,

La mitraille pleuvait en averses ravageuses,

Mais jamais l’ennemi ne perça nos bastions!

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Notre terre porte encore les stigmates de la guerre

Que le temps a du mal à faire cicatriser,

Ils sont le témoignage des assauts de naguère,

Laissant un sol meurtri où rien ne peut germer!

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Le sang a trop coulé sur notre territoire,

Après tous ces combats les brumes se sont levées

Au-dessus des forêts et des collines noires,

Que le feu des canons avaient défigurées!

°°°°°

La France garde en son sein des hommes pleins de ressources,

Relevant les défis rendus inévitables,

Ils savent reconstruire, bêcher, capter des sources,

Recréer un foyer aux nichées adorables!

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Les compagnons d’hier faisaient leur tour de France,

Allant de ville en ville peaufiner leur savoir,

C’étaient les ouvriers des grands prix d’excellence,

Transmettant leurs acquis comme un digne devoir!

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La France est un joyau que beaucoup nous envient,

C’est un beau diamant brut en forme d’hexagone,

Que cisèlent les vents quand ils soufflent en furie,

Et qu’ils brassent les mers pestant comme des matrones!

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J’adore par dessus tout la paysannerie,

La culture des champs, l’élevage des troupeaux,

Poules, dindes, poussins, canards de barbarie,

Qui courent picorer sans l’aide des appeaux!

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Il est bien loin le temps des justes jacqueries,

Révoltes paysannes contre dîme et gabelle,

Ceux qui ne payaient pas subissaient des tueries,

Et des gorges furent tranchées, sans procès, ni appel!

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J’habite une maison de style dauphinois,

Dont la charpente soutient un toit en tuiles écaille,

Elle recelait jadis, un beau grenier à noix,

Et dans l’ancien bistrot les gens faisaient ripaille!

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Elle fut bâtie avant la révolution,

La monarchie enfin, allait être abolie,

Il y eut la grand’ peur dans toutes les régions,

Villes et terres paysannes semblaient prises de folie!

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Louis XVI fut ramené de Varennes à Paris

Marie-Antoinette crût en sa miséricorde,

Elle le supputait sans en faire le pari,

Ils furent guillotinés place de la Concorde!

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Le peuple à pleins poumons chantât la Carmagnole,

Quelques hommes cependant restaient en embuscade,

Tapis et plus rusés: “après deux coups de gnôle,”

Et prompts à réprimer de probables algarades!

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La France féconda d’incroyables génies,

Joseph Cugnot créa le fardier à vapeur,

Guillotin l’échafaud, Lavoisier la chimie,

Beaumarchais et Rousseau brillantissimes auteurs!

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Plus tard, Napoléon fit de belles conquêtes,

Austerlitz, Iéna, Friedland puis Eylau,

Mais, pour la première fois l’Aigle baissait la tête,

Abdiquant à Moscou, vaincu à Waterloo!

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Pourtant ses vieux Grognards très expérimentés,

Avaient dans les combats mis toute leur bravoure,

Fidèles à Bonaparte qu’ils aimaient à vanter,

Même dans les batailles perdues aux sombres jours!

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La garde meurt mais ne se rend pas! dit Cambronne!

Au général Anglais le sommant de se rendre,

(Phrase que l’on eût pu reproduire au carbone)

Et puis: merde dit-il, pour bien se faire comprendre!

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Faut-il donc chaque fois des guerres dévastatrices

Pour nous faire apprécier les beautés de la France?

Ou, faut-il arborer d’immondes cicatrices,

Afin de révéler le prix de nos souffrances?
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La France, notre patrie, mère des arts et des lettres,

N’a jamais accepté d’être une mère soumise,

Et tous ses assaillants ainsi que tous ses traîtres,

Ont payé lourdement les fautes qu’ils ont commises!

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Oh France bien aimée tes enfants te protègent,

Mais ils paient au comptant, blessures et trépas!

Et tous ces lourds fardeaux personne ne les allège,

Mais de t’avoir sauvée, est bien mieux n’est ce pas?…

.

France majestueuse, des grands bonheurs, fileuse,

Ton rouet n’est pas prêt d’arrêter sa chanson!

On te respectera, toujours, fille vertueuse!

Trinquons à ta santé au verre de l’échanson!…

.

©Marcellin-gros

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