Les ghettos du bout de la nuit – Philippe Dutailly

Dans les ghettos du bout de la nuit

Tant de misères et tant d’ennuis

S’atténuent

A force de canettes.

 

Dans un coin, un vieil alcoolique

Parle d’un tunnel psychédélique

Très ténu

Qui mène à  sa planète.

 

C’est l’heure où le soir descend sur la noirceur des villes,

Celle des exclus qu’on écarte des dévotions civiles

Où les larmes accompagnent les désespérances

Où l’amour et le sida se font la révérence.

 

Dans ce monde sévit violence

La tempête avant le silence

Qui s’abat

Quand il y a trop d’alcool.

 

Une fille pleure sur sa déchéance

Dans neuf mois naîtra l’échéance

Qu’elle combat

En sniffant de la colle.

 

C’est l’heure où le soir descend sur les incertitudes

Celle où la fraternité boude les solitudes

Où les élans charitables ressemblent à la pitié

Où la  bouée de sauvetage s’appelle l’amitié.

 

Dans les ghettos du bout de l’enfer

Où la drogue n’est plus qu’un transfert

De la vie

Vers des mondes illusoires.

Dans un coin, la fille en déveine

Parle de se tailler les veines

Car sa vie

Lui parait dérisoire.

 

 

C’est l’heure de la délinquance et des larcins nocturnes

C’est l’heure du lâcher, en meute, des flics taciturnes

C’est l’heure où les travelos  maquillent leurs paupières

C’est l’heure des “siliconées” et leurs gros seins de pierre.

 

C’est l’heure des libertinages et des tendres fredaines

C’est l’heure des vaudous technos et des orgies mondaines

C’est l’heure des plaisirs coquins des citoyens de France

C’est l’heure de Paris-la-joie et Paris-la-souffrance….

 

 

08/01/1996

 

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Philippe DUTAILLY

Philippe DUTAILLY (80)

Tombé amoureux de "L'albatros" de Charles Baudelaire, poème appris lorsque j'étais 'écolier et nourri au hasard de Victor Hugo, Georges Brassens, Léo Ferré, Lamartine et beaucoup d'autres, j'ai commencé à faire rimer les mots vers l'âge de 18 ans. D'abord très inspiré par Brassens, j'ai pris, au fil du temps, mon autonomie pour en venir à des textes plus intimes qui, pour certains, servirent d'exutoire à des émotions mal vécues.

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Anne Cailloux
Membre
27 mars 2021 19 h 59 min

Magnifique écrit qui me rappelle mes maraudes.. Tout est dit.

Alain Salvador
Membre
27 mars 2021 11 h 11 min

C’est magnifique Philippe!!! Me vient à la fin de lecture les images du film “orange mécanique”, mais en noir et blanc…. Pour ne pas donner de couleurs à la grisaille de ces vies.