Dans les ghettos du bout de la nuit
Tant de misères et tant d’ennuis
S’atténuent
A force de canettes.
Dans un coin, un vieil alcoolique
Parle d’un tunnel psychédélique
Très ténu
Qui mène à sa planète.
C’est l’heure où le soir descend sur la noirceur des villes,
Celle des exclus qu’on écarte des dévotions civiles
Où les larmes accompagnent les désespérances
Où l’amour et le sida se font la révérence.
Dans ce monde sévit violence
La tempête avant le silence
Qui s’abat
Quand il y a trop d’alcool.
Une fille pleure sur sa déchéance
Dans neuf mois naîtra l’échéance
Qu’elle combat
En sniffant de la colle.
C’est l’heure où le soir descend sur les incertitudes
Celle où la fraternité boude les solitudes
Où les élans charitables ressemblent à la pitié
Où la bouée de sauvetage s’appelle l’amitié.
Dans les ghettos du bout de l’enfer
Où la drogue n’est plus qu’un transfert
De la vie
Vers des mondes illusoires.
Dans un coin, la fille en déveine
Parle de se tailler les veines
Car sa vie
Lui parait dérisoire.
C’est l’heure de la délinquance et des larcins nocturnes
C’est l’heure du lâcher, en meute, des flics taciturnes
C’est l’heure où les travelos maquillent leurs paupières
C’est l’heure des “siliconées” et leurs gros seins de pierre.
C’est l’heure des libertinages et des tendres fredaines
C’est l’heure des vaudous technos et des orgies mondaines
C’est l’heure des plaisirs coquins des citoyens de France
C’est l’heure de Paris-la-joie et Paris-la-souffrance….
08/01/1996
Magnifique écrit qui me rappelle mes maraudes.. Tout est dit.
C’est magnifique Philippe!!! Me vient à la fin de lecture les images du film “orange mécanique”, mais en noir et blanc…. Pour ne pas donner de couleurs à la grisaille de ces vies.