Les filles de Cordoba
Les filles de Cordoba ont l’élégance des dimanches matin, quand le printemps cogne à la fenêtre et apporte des petits déjeuners sur un plateau ourlé de lumière, avec des viennoiseries au miel des rues et des bouquets de crocus qui sentent bon le pain chaud et les ritournelles. Les filles de Cordoba ont le corps comme une esquisse d’amour, il fait outrage aux gerçures du temps qui glissent sur leur peau lisse comme un bonbon à la pêche. Les filles de Cordoba ont des jambes qui fascinent les pavés trop sages, elles délient le verbiage des joueurs de loto, qui, dans les vapeurs d’alcool et les dates de naissance, maudissent les oripeaux du ciel de n’être ni jeunes ni beaux. Les filles de Cordoba ont des petits seins qui filent sous la robe pour se blottir dans la tiédeur opiacée des dessous trop légers, tout étonnés des milliers de regards qui les cherchent pour s’évanouir dans des fragrances d’images indicibles. Les filles de Cordoba ont la taille des jeunes pousses qui défient les crèmes glacées et les mille-feuilles trop lourds. Elles ont la taille si fine que les notes de tango s’enhardissent à des effleurements liquoreux et que les mains s’avancent dans des gestes amoureux. Les filles de Cordoba ont sous la taille des promesses de fleurs sauvages et des moiteurs ambrées qui glissent sous les doigts comme des huiles essentielles. Elles ont sous la taille des rondeurs opportunes qui invitent les pétales de rêve à s’effeuiller dans des bouffées de désir. Les filles de Cordoba ont l’élégance des dimanches matin et le sourire qui persiste comme un parfum fugitif. Elles s’évanouissent dans les replis soyeux de la foule comme des coquelicots sous des bourrasques d’amour. Christian DUMOTIER Le 1er janvier 2014
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Texte bien sympa !