Un vieux singe, conservait dans sa musette
Le traité sur la vie volé à son père spirituel.
Il marchait, habillé comme un greffier perpétuel
Récitant sans cesse des vers semés par un poète !
Le maître hédoniste rêvait aux femmes de Tanger.
« Mon pauvre ami, vous paraissez plus matamore
Que notre aïeul, insupportable à force de propager
Des idées généreuses sur la révolution ! Pécore !
Il nourrissait son esprit de l’œuvre de Rousseau.
Hélas ! Il mourut comme Gavroche dans le ruisseau !
Ne maugréez pas ! Ne reniez pas notre vie atypique !
Toute rébellion finit dans le sang et la barbarie !
N’êtes-vous point, à mon côté ami sympathique ?
Dans ce monde repu de fièvres et d’armoiries
Nous marchons libres ! Vous me devez raison !
Écoutez ! Nous avons traversé trop de califes
Amuser mille princes, aimer plus que de saison.
Vous portez d’un magicien la plus belle griffe
Et n’êtes plus enfermé dans la cage d’un cirque
Comme un serf promis au dompteur cynique.
Pourquoi, voulez-vous, de moi, vous émanciper ?
Brûlez cet écrit, nul besoin d’un tuteur à problème
Qui transforme votre esprit, sans rien anticiper !
Ne sombrez pas dans une célébration suprême ! »
…
©Cambon Georges