Le plus zélé des ailés – Christian Satgé

Petite fable affable
Dans la ramée d’un chêne, sans répit,
Ça aubade jusqu’à l’aurore et, pis,
Sérénade jusqu’à la brune. Concours
Que ces récitals qui, hélas, ont cours
Depuis des jours : Sieur Rossignol,
Dame Grive assourdissent campagnols
Et mulots ; si Frères Moineaux donnent
Fort haut de la voix, Don Loriot sonne
Clair dans ce grand concert improvisé.
Mais quant à Dame Fauvette, avisée
Chanteuse, au bon Monseigneur Rouge-gorge
Elle répond, à faire trembler tout l’orge
Des champs voisins en plus de la feuillée.
En sus Compère Pinson s’égosillait
 Pour surpasser ce Messire Troglodyte…
Pour  les dieux, Apollon et Aphrodite,
Il gagna au jeu mais sa renommée
Fut écourtée, tout net, à point nommé.
Le fermier du coin, irracible bonhomme
Ne pouvant faire sieste ni somme
À ces chants trop permanents, le fusil
Sortit et mit un terme à la frénésie,
Tuant de ces gêneurs le plus bruyant
Qui s’avérait, là, être le plus brillant
Qui chante le plus fort dans toute bande
Est, las, le premier que l’on descende !
© Christian Satgé – Novembre 2020

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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