Le cheval arabe – Martial Havel

Un cheval dansait sur notre fil à linge
Dans le jardin,
Un jeune pur sang arabe
Digne des mille et une nuits.
Il dansait sur un air de swing
Sans s’emmêler les pattes.
Son regard extasié disait
Qu’il était heureux comme le pape
A Cracovie

Les perles de sueur sur son dos
Etincelaient au soleil levant.
Pourquoi s’était il arrêté ici ?
Pour un arabe, c’est loin de Poitiers
Et nos chemins à nous
Conduisent plutôt à Compostelle,
C’est l’inverse.
Pourquoi s’est-il arrêté chez nous ?

Notre fil à linge ne conduit nulle part
Et nous avons la réputation d’être sauvages.
Il aurait dû s’installer
Sur le fil du téléphone.
Ainsi il aurait pu aller au bout du monde
Et danser au fil des conversations.
Il devait être un peu timide
Pour s’installer chez nous.

Le chat d’abord surpris l’a rejoint
Ils ont dansé comme des fous
J’avais peur pour mon fil.
Ils ont chanté à gorge déployée,
C’était un peu étrange,
Leur voix avait du mal à s’accorder.
Je ne savais pas que le chat
Avait un tel répertoire.
Nous n’avons pas résisté,

Avec eux nous avons chanté
Et nous avons ri comme jamais.
Pensez donc, danser, chanter sur un fil
On le fait pas tous les jours.
Les voisins passaient sans s’arrêter
Ils faisaient mine de rien entendre
De rien voir aussi
Et pourtant danser, chanter sur un fil
On ne le fait pas tous les jours.

Epuisés, ravis, on est tombé.
Alors on a invité le cheval et le chat
A partager notre petit déjeuner:
Des céréales et du poisson
Avec un peu de café.
Puis le pur sang est reparti,
Le chat a versé quelques larmes,
J’ai resserré ma cravate
Et rejoint le bureau
En sifflotant un air de swing.

 

©Martial havel

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KUBLER Jean
Invité
22 novembre 2018 10 h 12 min

Bien joli texte, léger et délicat sensible et profond, j’aime beaucoup. Voici un petit sonnet de mon cru qui date de 1963

Eclair

Dans une gerbe de feu
Dans la profondeur d’un instant
J’ai trouvé bien plus qu’une idée
Et bien plus que la lumière.

Oh ! avant j’ai tant souffert
J’en aurai crevé
Crevé de vivre sans voir
Crevé de toujours pleurer sans émouvoir

Seul, inexorablement seul …
Avec cette liberté qui m’écrasait …
Je chialais souvent le soir

Quand s’étalait le linceul noir
Qes nuits, tristes et froides …
Je suis heureux maintenant.

Grenoble 04-1966

Invité
8 novembre 2018 17 h 37 min

Hennit soit qui mal y pense ! Un texte léger et très agréable. Merci pour ce moment de sourire. Je vais voir s’il n’y a pas un poney sur mes cordes vocales…

Christian Satgé
Membre
8 novembre 2018 12 h 41 min

Une texte surréaliste digne de Trenet… Bravoe t merci pour ce partage décoiffant.