Le bossu un poil rosse – Christian Satgé

Petite fable affable
 
Un dromadaire un peu chameau
En son désert roule sa bosse,
Au point que par tout hameau
Et tout chemin où il carrosse
Ce noble vaisseau d’oasis
Arbitre, hélas, les élégances.
Quoi qu’il ait un psoriasis,
Chargé d’ans, il est arrogance :
Coiffé d’un melon tout râpé,
Il porte un faux col fort crapé,
Aux pattes des fixe-chausettes,
Arbore au gilet un oignon
Et, à son œil vide, un lorgnon,
Faut le prendre avec des pincettes !

Face aux vents vils, veules et vains
Il bosse pour des piécettes
Mais cause frusques, frasques, vins
Fins, or, épices et cassette.
Cervelle flasque et brusques mots,
Il se veut bon bourgeois de village,
Ne parlant jamais que des maux
Siens, condamnant déballage
Et logorrhée des importuns –
Les autres ! – ces inopportuns.
Le récit de ses soucis lasse ?
Il lui suffit, et doit combler 
Le vide de nos vies ensablées
Par des mœurs, pour le moins, crasses…

Peut lui chaut ce que vous portez
Vous n’obtiendrez que critiques,
Sans nulle grossièreté,
Tout en seyants propos ou drôles
Jeux de mots,… Car ce dromadaire,
Vous n’êtes pas sans le savoir,
Déblatère assez, lapidaire,
Quand d’autres blatèrent sans voir
Dans votre regard quelque paille
Ni, là, s’en repaître en ripaille.
Oublie-t-il l’adage recuit ?
Ce qu’on dit d’un autre renseigne,
Quels que soient le ton ou l’enseigne,
Hélas, plus sur soi que sur lui !

 
© Christian Satgé – avril 2017

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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4 Commentaires
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Philippe X
Membre
13 avril 2019 20 h 27 min

Si j’en crois la morale de cet adage “mieux vaut la boucler que de ce faire identifier “…pas étonnant que les commentaires soient devenus des “comment se taire “.

Anne Cailloux
Membre
12 avril 2019 21 h 41 min

Christian, rien n’est plus vrai que cette adage, qui veux tout dire..
Je trouve que cette adage lui va bien, à ce chameau
Anne