Dans le Royaume de Bramège, le sanglier qui gouvernait la région depuis une paire d’années, a disparu sans laisser de trace. Les conversations allèrent bon train. -Oui madame Pivert, je vous jure, il disait que nous étions des meubles. -Nous des meubles, heureusement qu’il a disparu, je vous jure, sur le bec de mes ancêtres, que je l’aurais plumé . -Attendez madame Pivert, il se dit également qu’un remplaçant va nous offrir ses services. -Ha ! et vous le connaissez ? -Le connaître est un bien grand mot, je l’ai aperçu parfois, avec ce fameux sanglier. C’est un aigle royal, avec des yeux bleu acier. Il traîne avec avec une alouette qui a des heures de vols. Enfin, nous verrons bien. Au bout d’un temps certain, l’aigle pointa son nez. Son baratin et son côté copain comme cochon, plaisait à plus d’une et plus d’un. Les ailes déployées, il touchait ses dames de ses plumes. Ses yeux bleus acier, transperçaient les ondes de ses femelles. Pour les mâles, il les tutoyait, leur tapant dans le dos, les autres se croyaient déjà copain. Souriant à tous, il comptait sur son profil de vainqueur pour prendre la place du Sanglier. Le charme opéra, les belles paroles firent bombances au bal de fin d’année. L’aigle réussi à prendre les hérissons dans le sens du poil, il promit aux grenouilles, bombance de nénuphars et de nouveaux quartiers. Les coqs de basses-cours seront quand à eux, responsables du poulailler. -Moi, Aigle royal, je promets de prendre soin de vous, de ne pas augmenter la dîme qui vous est imposé. Nous allons œuvrer pour que le Royaume se porte au mieux. De nouveaux nids seront construits. Nous allons vous proposer un crédit gratuit pour vos incubateurs futurs. Chacun pensa que ce nouveau exécutif allait faire au mieux. L’aigle donna des ordres à ses seconds, les corneilles. Tous les seconds, pensèrent que les autres allaient faire quelque chose, alors personne ne fit rien. Pire, l’aigle diminua les provisions de ses seconds. Les resserves diminuèrent, les dîmes augmentèrent. |
Une injonction d’urgence se préparait avec tout les animaux mécontents. Les grenouilles prirent la parole : -Comme ont vous le dit: ils nous ont offert deux nouveaux nénuphars, mais pour traverser la mare, il nous faut payer dîme plus forte. -Mais pauvres reinettes, nous ce n’est pas mieux répondit un furet : nous, nous avons l’accès gratuit aux terriers des lapins, mais il nous faut payer 60 % de notre chasse. Nous allons pas nous laisser faire.. -Moi dit le coq, j’ai eu de nouvelles poules, mais tout les matins les œufs disparaissent et ces dames caquettent toute la journée. Cela ne peut plus durer. Surtout que la colonie du Duc, se trouvant en haut de la canopée, alors eux, se sont les rois, il ne paye aucune dîme et font bombance de vers en tout genre. Mais ce serait des descendants d’un grand duc, enfin à ce que raconte les pies. Les abeilles qui viennent de je ne sais où ! Elles aussi prolifèrent. Le miel est en orgie, elle font du troc avec, et personne ne leur dit rien ! Tandis que Bourriquet qui a œuvré toute sa vie pour porter les vivres jusqu’au monastère, alors lui, a juste une cabane avec du bois pourri et presque rien à manger, c’est une honte. -Mais ce n’est pas tout dit le petit singe, on nous fait un agio gratuit, mais comment on le paye maintenant cet agio? Maintenant que nous n’avons plus rien ! Tous les animaux se révoltèrent. Quelque temps plus tard, une manifestation se mit en marche. L’aigle mit sa garde royale en surveillance. Les pauvres corbeaux devaient défendre le Royaume à tout prix, le bec en avant, les ailes déployés. Ils n’étaient pas mieux lotis que les autres animaux, mais il avaient juré allégeances au maître des lieux.. Manifestation au cœur de la forêt. D’un coté, les corbeaux, de l’autre, les spoliés en tous genres. Le vieux chien qui avait œuvré toute sa vie pour la société, se retrouvait sans rien à manger avec une niche ou il pleuvait à l’intérieur. Les animaux de la ferme caquetaient à tout va avec des affiches où il était marqué : ” Rendez-nous, nos œufs”. Les vaches et les bœufs lâchèrent leurs bouses en pleine ville. Hors de question de payer la dîme pour traverser le pont. Les slogans allèrent bon train : Tu es un aigle de pacotille, tu t’engraisses, tu te crois aussi plus intelligent que l’autre, mais tu es le second en PIRE. Tu pourris le Royaume pour faire plaisir à tes congénères . Les animaux de la ferme jetèrent des œufs pourris sur les pauvres corbeaux qui avaient fort à faire. Les lendemain ne restaient que désolation. Quoi qu’il arrive, le poison couvait en ce lieu. La misère arrivait à grand pas.. cela ne pourrait durer.
©Anne Cailloux
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Il y a de l’ HUGO dans l’air !
Pour la première fois l’aigle baissait la tête.
Sombres jours ! l’empereur revenait lentement,
Regardant devant lui brûler les Champs Elysées .
J’aime beaucoup ce texte !
Ce récit, percutant et très juste, me fait irrésistiblement penser à un autre pseudo “Aigle Royal…” !!!
Bravo Anne, pour cette fable pleine d’humour.
Bises
Chantal
j’ai adoré anne, quel humour du Remps, de ce Temps… en fable, comme autre fois le pratiquait le fabuliste
sur la condition humaine
merci
O
Auriez-vous revêtu votre gilet jaune, Anne ? Je plaisante bien sûr et cette manifestation est très bien menée et très agréable à lire. Bravo et merci. Amicalement. Serge
Voilà une fable du meilleur aloi. Cela s’affine de texte en texte et ici, vous êtes dans une brûlante et cruelle actualité… Bravo car c’est le sans de “l’exercice” et merci de vous colleter à lui car je crois âtre assez bien placé pour dire que réussir un apologue est loin d’être simple… Amicalement.