La souveraine majesté – Christian Satgé

Petite fable affable

Martre régnait sur un petit bosquet.
Elle avait la dent dure et souvent creuse,
Nulle bête au bois n’osait l’offusquer
Tant était terrible cette coureuse.
Furet faisait sa police efficace
Et Fouine s’occupait des impôts
Comme si elle jouait sa carcasse
Spoliant Blaireau et taxant Crapaud.
Il n’y avait guère qu’à la soudure
Que la reine était prodigalité
Et ses sujets, de verdure en ramure,
Oubliaient lors que cette autorité
Était joug poussant à se révolter.

Un matin, Martre reçoit Buse,
La souveraine de la canopée,
Qui, de l’imprévue intrusion s’excuse,
Mais elle avait des affres à syncoper :
« Voisine et paire, fit notre rapace,
Mon peuple d’oiseaux me cause tracas :
Lui, si libre, oisif, oiseux, est en passe
De me faire un sort… et avec fracas !
Je l’impose peu, distribue des vivres
Sans compter, tout l’an, tu m’en es témoin !,… »
Martre la coupe, parlant comme un livre :
« La libéralité consiste moins
À offrir beaucoup qu’à donner à point !* »

© Christian Satgé & Jean de la Bruyère (*),

Caractères (1687) – juillet 2015

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
25 décembre 2018 17 h 14 min

Difficile de Régner en ce bas monde… que faire..?
Merci de ce texte qui est vérité..
Anne