La Poésie, moins éclairante que la Prose ? – par Frédéric Matteo

La Poésie, à l’inverse de la prose, nuit gravement à la force et à la clarté du discours. C’est l’argument central des philosophes des Lumières contre le discours poétique, ou, du moins, en faveur de la relégation de la Poésie dans le domaine des arts mineurs, où lui reviendrait, comme de droit, la seule fonction de satisfaire le désir de bagatelle et de divertissement.

Il arriva même que certains de nos « Lumineux » la décrétèrent un art nuisible, frivole, n’incitant qu’à d’inutiles productions, seulement bon à semer la confusion dans les cœurs et les esprits, et, comme tel, qu’on devrait tout bonnement proscrire des mœurs, vouer à l’éradication, pour le salut public – ainsi qu’encourage à le faire l‘Abbé de Pons dans sa « Dissertation sur le poème épique ».

Il y déclare, en ce début de 18ème siècle où la poésie dut subir en attaque en règle de la part des auteurs qui tenaient le devant de la scène littéraire : « Je crois donc que l’art des vers est un art frivole ; que si les hommes étaient convenus de les proscrire, non seulement nous ne perdrions rien, mais que nous gagnerions beaucoup ».

Déclaration ignominieuse, dégradante à l’extrême pour la Poésie, certes, mais qui ne faisait que légèrement redoubler l’écho des jugements que prononcèrent dans ce sens des esprits autrement plus élevés, tels Montesquieu, Vauvenargues ou Buffon, qui ne voyaient guère autre chose dans la poésie qu’un accessoire de second ordre.

Bref, la condamnation, dans les rangs des auteurs influents, était générale.

Aussi, un Houdart de La Motte et son ami Fontenelle résument-ils très bien à eux deux les arguments de fond sur lesquels s’établissait la condamnation « lumineuse » de la Poésie.

Le premier déclara, dans son « Discours sur la Poésie », après avoir longtemps essayé en vain d’atteindre à la grandeur poétique : « le but du discours n’étant que de se faire entendre, il ne paraît pas raisonnable de s’imposer une contrainte qui nuit souvent à ce dessein et qui exige plus de temps pour y réduire sa pensée qu’il n’en faudrait pour suivre simplement l’ordre naturel de ses idées. »

Et l’autre, ainsi lui fit écho, dans son « Traité sur la Poésie » : « Que serait-ce si l’on venait à découvrir… qu’il y a de la puérilité à gêner son langage uniquement pour flatter l’oreille, et à le gêner au point que souvent on en dit moins ce qu’on voulait, et quelquefois autre chose ? »

…. Ma réponse à ces critiques, si vous le voulez bien,  ici : 

https://fredericmatteo.wordpress.com/2017/05/22/la-poesie-est-elle-moins-eclairante-que-la-prose-1/

Merci de m’avoir suivi jusque là, et bonne lecture !

Frédéric Matteo

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