Il n’y a que les poètes,
Les chantres qui se la pètent,
Pour voir descendre la nuit
Comme un grand rideau de suie,
Enveloppant de ses ombres,
Dans sa cape de pénombre,
Un pays sage drapé
D’un très obscur voile épais…
Tout serait, non sans tristesse,
Douceur et délicatesse
Avec un peu de lenteur
Aussi mais sans pesanteur.
Ici, la nuit tombe, Ami,
Comme une lame ennemie,
Et coupe les chaumières,
Tranche bois et clairières,
Hache vaches et brebis,
Divise, fend et sectionne
Le jour qui démissionne,
Guillotine et raccourcit
Ou entaille sans merci.
Bref, sans nulle sommation,
Elle décapite arbres,
Fauche, cisaille et partage
Tout dans notre paysage !
En tombant de tout son poids
Sur l’horizon qui en ploie,
Elle broie les plus maroufles
Des vents, leur coupe le souffle ;
Brise l’arbre qu’elle abat ;
Moud le ciel qui en rabat ;
Casse et concasse nuages
Et sillons des champs sans âge ;
Pile comme grain maisons
Et contours des frondaisons,
Pulvérise la campagne
Puis écrase nos montagnes.
Oh oui, seuls les vieux poètes,
Les chantres qui se répètent,
Voient donc descendre la nuit
Comme un grand rideau de suie,
Enveloppant de ses ombres,
Dans sa cape de pénombre,
Un pays sage drapé
D’un très obscur voile épais…
C’est faux car cette traîtresse,
Violence, petitesse,
Ne nous vient qu’avec hauteur,
L’air vengeur, triomphateur !
© Christian Satgé – octobre 2013
La nuit est magique, tout est différent,
Votre écrit est plein de tendresse..
Anne
Bonjour Christian ! Au long de ma vie, j’ai beaucoup aimé la nuit. Celle que vous nous présentez là, n’est pas la mienne, cependant je l’apprécie tout de même, grâce à votre style souvent rocailleux qui me rappelle quelqu’un dont nous avons déjà parlé. Bon lundi !