Toujours autour d’elle, A force d’entendre, cruels Récits de guerre, Et des morts à terre, . Des blessés emportés, Jambes, bras coupés Des bombardements lourds, Qui reviennent toujours, . Des parents effondrés ! Leurs fils étant tués, Des exécutions Dans la dépression, . Elle se sentait pleurer, Elle était apeurée, Adulte ce monde Etait plus qu’immonde ! . Oubliant tout, Elle Jouait à la marelle, C’est une petite, Son âge l’habite. . Entendant : “Bal…demain” “Oh !”- “On verra bien !”, Elle retourne à ses jeux, Sa tête est en feu. . Démon de la danse, Il faut ta présence Le jour “J” arrive, Non, pas de dérive. . La salle va craquer ! Le bruit va matraquer ! C’est le déferlement Pour leur contentement. . Moi, la première, Et j’en suis fière ! Musique follement “Américainement” ! . La batterie pète ! L’orchestre tempête ! “Viens, mon cavalier !” A lui je suis liée. . On regarde les pas, Bien plus, il ne faut pas, En quelques secondes, On est sorti du monde !
Souliers décollant, Jupe plissée volant, Et mes cheveux aussi, On est au paradis ! . Et nos bras s’enroulent, Puis ils se déroulent, Et nous virevoltons Comme des papillons ! | . “Regarde par ici, On danse le boogie !” Sensationnel ! Nous poussent des ailes ! . Mais, c’est du tonnerre ! On quitte la terre, On est électrisés, Même diabolisés ! . “Mémé, regarde-moi, C’est sensas tu vois !”, “Ne sois pas vulgaire, Ou c’est la colère !”. . Quelques années encor, Dans un nouveau décor, Au lycée de Casa On est à l’internat. . Dès la cloche sonnée, On court vers le foyer, On choisit des disques, Rock, notre musique ! . “Rock around the clock”, Et nous sommes baroques, Monsieur Bill Haley, Combien on vous aimait ! . On apprend à danser, Les autres, dépassées, “Mais vous êtes dingues ! La musique flingue !”. . Mais, nous n’écoutons pas, En inventant des pas, Une main par terre, On est derrière ! . Nous sommes caoutchouc, En glissant de partout ! La pionne crie “Moins fort !” Nous dansons sans remords. . Victoire ! Victoire ! C’est la fête ce soir ! On sait danser le rock ! Du reste, on s’en moque ! . Puis en quelques saisons, Je tombe en pâmoison, Le bel Elvis Presley A tant et tant d’attrait ! .
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©Simone Gibert |
Comme Christian, je suis admiratif de la manière dont vous mêlez la petite et la grande histoire. Et puis, comme toujours, vos vers nous donnent l’envie de danser : fort à propos cette fois-ci ! Merci et bravo pour ce texte d’une grande qualité et d’une grande tendresse.
Merci pour cette page d’histoire personnelle qui rejoint la grande Histoire et qui narre avec bonheur, et je le crois beaucoup de justesse, ce que l’on peut penser et croire quand on est à l’âge tendre des découvertes qui vous forgent une vie. Bravo Simone…