la déchéance de l’ordre ‘A 11) – Christian Dumotier

Manosque Acte 11 ou la déchéance de l’ordre

Le ciel pétrissait le bleu à pleines mains
Au loin le soleil avait des pudeurs enfantines
il était perdu derrière un parterre
de jonquilles braillard et sans-gêne
qui affichait l’outrecuidance de la vie en lutte
Les vieux avaient le visage habillé en dimanche
avec le sourire en fleur
comme une pâquerette au coin des lèvres
Les femmes étaient belles comme des émeraudes d’espoir
elles promenaient des marmots ébahis
cherchant leur doudou dans l’ivresse solidaire
On sentait encore l’orange du cumin
perché dans les effluves de couscous
qui caressaient les murs de la vieille ville
avec l’infinie douceur des peaux de pêche
Partout, on regardait la foule
offrir dans un bouquet de mariée
la vie la justice et le respect

Les jeunes coqs aux ergots d’acier
sous leur carapace de plastic et de mépris
étaient comme une insulte à la beauté des choses
On leur a jeté des pierres qui ont roulé à leurs pieds
impuissantes et dérisoires
alors ils ont eu peur d’être contaminés
par la beauté et la légèreté des mots
ils ont tiré et chargé
ils ont violé les sourires
arraché nos larmes
étouffé nos pensées rebelles
assassiné nos cris dans les brumes agressives
Les familles s’éparpillaient comme des moineaux blessés
la peur coulait dans les ruelles étonnées
on oubliait l’importance des fleurs
pour apaiser son ventre des paniques insidieuses

L’état était en guerre
L’état tirait contre son peuple
L’état avait peur du bonheur

Christian DUMOTIER

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Invité
18 juin 2020 17 h 48 min

On croyait que c’était les forces de l’ordre, ce n’était que celles du chaos.