Dans les bas-fonds de Paris,
La cours des miracles avait sa reine.
Belle comme le jour qu’elle ne voyait jamais,
Ses longs cheveux couleur corbeau,
Tombaient comme des saules pleureurs.
Ses yeux étaient deux gouttes d’acier que le diable avait forgé,
Ses lèvres aux fragrances enivrantes,
Étaient des invitations au jardin d’éden.
Ses soupirs rendaient folles,
Toute les gargouilles de notre d’âme
Et quand elle souriait, le pendule de Foucault
Trottinait à l’envers.
Entre la porte Saint-Denis et Montmartre,
Les mendiants et les voleurs renaissaient sous les yeux de la belle,
Ils devenaient des contes de faits, des princes et des légendes.
Ce miséreux avait un roi, qui s’appelait le roi des Thunes.
Il dirigeait les mendiants de toute la France et de Navarre,
Il se pavanait comme un pacha,
Ses baisers étaient aussi dangereux que le curare
Et sa parole était un crédit plus recevable
Que n’importe quel contrat.
Ce roi, avait cependant une faille, qui s’appelait Esméralda.
Il cédait à tous les caprices de notre belle.
Cette reine, était l’enfer de tous les hommes.
Ils avaient tous, cette obsession amoureuse,
D’attirer le regard de la belle sauvagesse.
Tous les soirs, sous un feu indompté,
Le partage de butin se faisait entre ripailles et grivoiseries,
Sous des tonneaux de vin et de cervoises.
Le relief des flammes, renvoyait des fasciées patibulaires
Et des mines avinasses, qui aurait fait pâlir Satan lui-même.
Notre belle gitane relevait sa jupe
Et se laissait emporter par la musique andalouse.
Ils étaient tous captivés par son ombre sublime,
Qui se lovait à leurs pieds.
Dans le crépuscule incendiaire et sous ses escarpins,
Fuyait ce monde infâme qu’était la cour des miracles.
L’espace d’un instant, dans cette atmosphère dantesque,
Des volutes de désirs prenaient vies,
Les gestes devenaient des invitations aux baisers
Et les âmes renaissaient dans le cœur des êtres rejetés de tous.
Vous auriez pu détrousser les coupeurs de bourses,
Ils n’avaient yeux que pour la belle,
Le monde extérieur s’était arrêté aux portes de ce paradis,
De cette invitation à la danse, à l’amour.
Vous auriez pu avoir, plus facilement les clés du paradis
Que celle de la cour des miracles….
Maintenant, vous savez pourquoi
Ce lieu s’appelait la cour des miracles…
Si vous vous promenez entre Saint-Martin et Montmartre,
Si votre bonne aventure vous pousse
Jusqu’à la rue de la grande truanderie, faite attention.
Inutile de chercher quelques agents de la prévôté,
Car la cour des miracles était un lieu de non droit,
Pour toux ceux qui n’appartenait pas à cette société.
Si vous croiser une belle gitane aux yeux de braise,
Il se peut, qu’elle ne soit pas seule. Passez donc votre chemin sans la voir….
Cela est préférable pour vous..
Excellence dans le verbe et dans le geste.
Cette balade n’a pu être guidée que par le grand Couere en personne ,véritable césar de cette marée inhumaine…ce Césaire (son nom véritable) a eu maille à partie avec Gabriel Nicolas de la Reynie, lieutenant de Police de Paris et fondateur de la Police moderne qui, selon la légende, aurait mis à bas la Cour des Miracles en 1667.
Fort heureusement votre témoignage porte l’existence de ces malmenés à travers les ages et nous fait prendre conscience que cela existe encore de nos jours….Paris sera toujours Paris….
C’est magnifiquement raconté une belle lecture merci
merci Quasimodo pour cette Ballade au cœur du Paris de notre histoire.
C est presque un conte joliment agencé
Mon Paris s’y parfume, et j’en suis ravi
Merci
Oliver